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HISTOIRE DE LA CHIMIE

moyen chimique ? Nous verrons plus loin que l’Egypte est la patrie de l’art sacré qui possédait le secret des dissolvants. Suivant M. de Rozière, cité par M. Wilkinson, les granites égyptiens ont été taillés et gravés avec des outils de bronze, à juger surtout par les traces d’oxyde de cuivre qu’on y rencontre. Les glaives et poignards, trouvés à Thèbes, sont en bronze. Malgré leur vétusté, ils sont flexibles et élastiques comme le meilleur acier trempé. Les glaives sont droits, d’environ deux pieds et demi de long. On en rencontre qui sont surmontés d’une tête d’épervier, symbole des Pharaons. Les faux ou couteaux recourbés, qu’on voit figurés sur les monuments de Thèbes, ont leurs lames peintes en bleu, ce qui semblerait indiquer qu’elles étaient en acier. Certaines massues paraissent avoir été composées de fer météorique[1]. Les clefs furent au nombre des premiers instruments fabriqués avec le fer, lorsque ce métal devint d’un usage plus répandu[2].

L’usage du fer est postérieur à l’usage de l’or, de l’argent et du cuivre (airain). C’est là l’opinion qu’avait déjà émise Isidore de Séville, qui vivait au sixième siècle de notre ère ([3].

Le bedil (בְּדיל), que les traducteurs rendent par étain, paraît, ainsi que le plumbum des Romains, avoir signifié, tantôt étain (plumbum album), tantôt plomb proprement dit (plumbum nigrum). Dans d’autres cas, bedil (בְּדִיל) veut dire scories, impuretés, comme dans le passage suivant (Isa. c. I. V, 25) : « J’étendrai ma main sur vous ; je vous purifierai de toute votre écume par le feu ; j’ôterai tout l’étain qui est en vous [4]. » — Le mot bedil dérive ici évidemment de badal (בָּדַל), séparer, éliminer. L’étain, le plomb, et en général tous les métaux alors connus, composaient une branche importante du commerce des Phéniciens et des Carthaginois ([5].

  1. S.-G. Wilkinson Manners and Customs of the ancient Egyptians, vol. I, p. 320 (Londres, 1837).
  2. Ibid., p. 112, M. Wilkinson possède une de ces clefs égyptiennes dont il a donné le dessin dans son ouvrage. Elle ressemble à une pince dite monseigneur ; un de ses bouts est armé de trois dents.
  3. Ferri usus post alia metalla repertus est. Isidore, Orig., XVI, 20.
  4. אָסִירָה כָּל בְּדִילָיִךְ, removebo omnia stanna tua, i. e. spurias et impuras metalli partes. Gesenius. Lex. Heb. et Chald. ; Lips. 1833.
  5. Ezech. XXVII, 12 « Les Carthaginois trafiquaient avec vous, en vous ap-