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PREMIÈRE ÉPOQUE

entêté à du fer trempé (βαφῇ σίδηρος ὣς)[1]. Selon les marbres d’Arundell, le fer était connu 188 ans avant la guerre de Troie. Mais cette autorité est contredite par Hésiode, Plutarque et d’autres. Les anneaux de fer que l’on a trouvés dans les tombeaux d’Égypte sont d’une date plus récente ; la plupart ne paraissent pas être antérieurs aux Ptolémées[2].

La dureté du fer et la difficulté de le faire fondre, ces deux qualités caractéristiques, ont de tout temps fixé l’attention sur ce métal. Moyse parle souvent, au figuré, de la dureté du fer[3]. Une domination dure est désignée par שֵׁבֶט בַּרְזֶל (chefet barzel)[4], domination de fer ; un cœur insensible est comparé à une chaîne de fer (גִיד בַּרְזֶל)[5].

En voyant Moyse comparer la servitude à la chaleur d’un fourneau dans lequel on fond le fer, on serait porté à croire que l’on construisait déjà à l’époque de ce législateur, et probablement avant cette époque, des fourneaux particuliers pour faire fondre le fer. « Le Seigneur, dit Moyse aux Israélites, vous a fait sortir de l’Égypte comme d’un fourneau [où l’on fond] le fer (כּוּר הַבַּרְזֶל)[6].

Qu’il nous soit permis ici de relever une de ces erreurs qu’il arrive souvent de commettre, lorsqu’on est réduit à se fier) des traductions qui ne peuvent en aucun cas remplacer le texte original.

Goguet dit, à la page 342, tome I, d’un ouvrage estimé[7] : « Mais ce qu’on doit le plus remarquer, c’est que dès lors (à l’époque de Moyse) on faisait en fer des épées, des couteaux, des cognées, et des instruments à tailler des pierres. Pour parvenir à faire des lames de couteau, d’épée, etc., il a fallu trouver l’art de convertir le fer en acier, et le secret de la trempe. Ces faits me paraissent prouver suffisamment que la découverte de ce métal et l’art de le travailler remontent à des temps très-anciens, etc. »

Cette opinion, inconsidérément adoptée par beaucoup d’au--

  1. Ajax, v. 720.
  2. J.-G. Wilkinson, Manners and customs of the ancient Egyptians, vol. I, p. 242.
  3. Deut. XXVIII, 23 et 48 ; III, 11, VIII, 9. Lévit. XXVI, 19.
  4. Ps. II, 9.
  5. Is. XLVIII, 4.
  6. Deut. IV, 20.
  7. De l’origine des lois, des arts et des sciences, etc., 6 vol.  Paris, 8, 1778