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PREMIÈRE ÉPOQUE

vre et d’étain ou de zinc (airain, bronze), pour les mêmes usages auxquels nous faisons aujourd’hui servir le fer ou l’acier, « Les Massagètes emploient, dit Hérodote, l’airain pour la fabrication des lances, des pointes de flèche, des sagayes. L’or leur sert dans leurs ornements. Ils garnissent le poitrail de leurs chevaux de cuirasses d’airain, et enrichissent d’or les brides, les mors et les housses. Mais ils ne connaissent pas le fer (1[1]). »

Les alliages de cuivre sont désignés par les noms génériques נְחֹ֫שֶׁת (nekhochet) (2[2], χαλαός aes, que l’on traduit généralement par airain. Nous reviendrons plus bas sur la valeur de ces mots.

Tous les auteurs anciens s’accordent à dire que les instruments aratoires, les armes, les outils employés dans les arts, etc., étaient fabriqués en airain (3[3]). Les armes, et d’autres instruments antiques, que l’on conserve dans les musées et dans les arsenaux de l’Europe, confirment ces témoignages (4[4]).

Le fer cru et non travaillé était probablement connu depuis la plus haute antiquité. Mais comme ce métal est très-difficile à fondre et à travailler, il s’était sans doute passé des siècles avant que l’on parvint à l’extraire convenablement de sa mine, à le forger, et à le rendre par la trempe apte à servir dans une foule d’usages, et à devenir ainsi le plus utile et conséquemment le plus précieux des métaux.

L’histoire de la découverte du Nouveau Monde nous apprend que les Mexicains et les Péruviens, qui connaissaient depuis longtemps l’art de travailler l’or, l’argent et le cuivre, n’avaient aucune notion des instruments de fer, quoique ce dernier métal

  1. Hérodote, I, 215.
  2. נְחֹ֫שֶׁת est un nom onomatopique, qui dérive de נָחַשׁ (nakhach), faire du bruit, siffler
  3. Genes. iv, 22. Exod. xxvi, 11. Hésiod. Theog. v, 722, 726, 733. Lucrèce, liv.  V, 1286. Varron dans S. Augustin, de Civ. Dei, lib.  vii, c.24. Isid. Orig. lib.  viii, c. 11. Illiad. IV, v. 511 ; xiii, v. 622 ; xxiii, v. 560 ; xxiii, v, v. 723 ; xxiii, v. 118. Odyss. XXI v. 423 ; V, v. 244. Diodore, i. Agatharchide apud Phot., c. 1341 et 1344.
  4. Avant la connaissance du bronze, les hommes fabriquaient leurs armes et ustensiles avec la pierre silicieuses. De là trois âges bien distincts dans la marche de la civilisation : 1o l’âge de pierre, 2o l’âge de bronze, 3o l’âge de fer. La durée de chacune de ces périodes est difficile, sinon impossible, à déterminer. Comp. p.30 et 43.