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HISTOIRE DE LA CHIMIE

Comme les minerais ne renferment jamais un seul et même métal, les métaux qui en provenaient devaient être des espèces d’alliages, plus ou moins faciles à travailler. L’extraction et l’affinage des métaux supposent des connaissances qui se perfectionnent de jour en jour.

Il n’y a qu’un moyen d’expliquer la haute antiquité des métaux, c’est d’admettre, par hypothèse, que les métaux ou leurs mines étaient pour ainsi dire à fleur de terre ; que les éléments minéralisateurs, comme le soufre, l’oxygène, etc., n’avaient pas encore eu le temps de compléter leur action en altérant les métaux au point de les rendre méconnaissables, et que la plupart existaient à l’état natif ou à peine altérés, pareils au fer et au nickel qu’on trouve dans les météorites. Ne se pourrait-il pas que le fer d’alors, dont le prix était presque égal à celui de l’or, fût du fer aérolithique ? C’est une question que nous ne faisons que poser.

Les Égyptiens paraissent avoir connu de temps immémorial le moyen de purifier l’or et l’argent à l’aide du plomb et des cendres des végétaux. Le borith (בֹּרִית), par lequel il faut entendre tantôt le sel alcalin retiré des cendres (carbonate de potasse du commerce), tantôt les cendres mêmes, était primitivement employé comme fondant et dans l’affinage des métaux (1[1]).

Les anciens ignoraient l’usage des acides ou des eaux corrosives pour attaquer les métaux ou les minerais. Ils ne connaissaient que le vinaigre et les sucs acides des végétaux ; ils savaient cependant que ces derniers, conservés dans des vases d’airain, acquièrent des qualités malfaisantes. Il faut arriver au neuvième siècle de notre ère pour trouver les premières traces de la dissolution des métaux au moyen d’un acide minéral (eau-forte).

Les opérations auxquelles on soumettait les métaux étaient, pour le répéter, purement mécaniques. L’enclume, les tenailles et le marteau sont mentionnés par les auteurs les plus anciens comme attributs du forgeron (2[2]). On réduisait les métaux en lames plus ou moins minces ; mais on ne connaissait pas encore le moyen de les réduire en fils.

Les peuples primitifs employaient, comme le font encore aujourd’hui les peuples sauvages, le cuivre, ou des alliages de cui-

  1. Voy. pag. 54 et 58.
  2. Job. XXX, 10 ; Hom., Odyss., III, 432.