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PREMIÈRE ÉPOQUE

(dans un moulin à bras (1[1]) en petites parcelles, qu’il jeta dans l’eau et fit boire aux fils d’Israël. »

Ainsi donc, c’était de l’or divisé par un moyen mécanique et tenu en suspension dans l’eau, que Moyse fit boire aux Israélites. Toutes ces discussions sur la prétendue dissolution du veau d’or et sur le savoir chimique de Moyse tombent d’elles-mêmes devant la clarté du texte original.

L’argent devait être connu presque en même temps que l’or ; car il est plus répandu dans la nature qu’on ne se l’imagine, et il se rencontre également à l’état natif. Quoique l’argent n’attire pas autant les regards que l’or, le nom qu’il porte dans toutes les langues anciennes est fondé sur la couleur et l’aspect que présente ce métal. Ainsi, כֶּסֶף (khesef), qui signifie argent en hébreu, dérive du verbe כָּסַף (khasaf), être pâle ; de même qu’en grec ἅργυρος ; (argent) vient de grc, blanc. C’est de là que dérivent le latin argentum et les mots équivalents des langues néolatines. L’argent servait aux même usages que l’or.

Après ces deux métaux viennent le cuivre, l’étain, l’airain et le plomb. On trouve l’énumération complète des métaux anciennement connu (vers 1 500 avant J.-C.), dans le passage suivant du Pentateuque (2[2]) : « Que l’or זָהָב (zahab), l’argent כֶּסֶף (khesef), le fer בַּרְזֶל (barzet), l’airain נְחֹ֫שֶׁת (nekhocet), le plomb עֹפָ֫רֶת (oferet), l’étain בְּדִיל (betil), et tout ce qui peut passer par le feu (3[3]), soit purifié par le feu. »

L’histoire ne nous a pas transmis le nom de celui qui eut le premier l’idée de retirer les métaux des minerais, dont l’extérieur ne fait ordinairement guère soupçonner les substances qu’ils recèlent.

Les Égyptiens attribuaient cette découverte à leurs premiers souverains (4[4]) ; les Phéniciens, à leurs divinités (5[5]).

Quand on songe qu’à notre époque, où la science fait tant de progrès, on n’a pas encore trouvé le moyen d’obtenir les métaux à l’état de pureté parfaite, on a toute raison de croire que les métaux des anciens étaient très-impurs et très-imparfaits.

  1. וַיִּטְחַן עַד אֲשֶׁר-דָּק : le verbe טְחַן (thakhane), qui est ici employé vient du subst. טַחֲנָה (takhanah), moulin à bras
  2. Nombr. XXXI, 22 et 23.
  3. כָּל־דָּבָ֞ר אֲשֶׁריָבֹ֣א בָאֵ֗ש
  4. Diodore, I, 43. Agatharchide apud Phot., c. II.
  5. Voy. notre Phénicie, p. 68, dans l’Univers pittoresque