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PREMIÈRE ÉPOQUE

d’autres érudits, discuter si c’est à Hermès Trismégiste, à Phtha, ou aux prêtres de Memphis et de Thèbes, que revient l’honneur de l’invention de la chimie ; si cet art a pris naissance, sous le règne d’Isis et d’Osiris, dans l’Égypte, appelée anciennement Chemia ou Chamia (pays de Cham), ou s’il a eu son berceau dans Chemmis, ville de la Thébaïde, consacrée à Pan. Essayons plutôt d’apprécier convenablement les connaissances pratiques que possédaient les Egyptiens dans les arts tributaires de la chimie.

Les preuves de l’antique existence des arts du verrier, du peintre, du sculpteur, du batteur d’or, du doreur, du statuaire en pierres et en métaux, du graveur, du stucateur, du fabricant de ce papyrus sur lequel les anciens habitants de l’Égypte traçaient leur écriture, du fabricant de toile, du teinturier, etc. ; les preuves de l’antique splendeur de tous ces arts se voient encore aujourd’hui dans les palais, dans les temples et surtout dans les hypogées de la ville de Thèbes. On y admire de petits tubes d’émail colorés, les uns en bleu, les autres en rouge ; des poteries émaillées de diverses couleurs, des vases, des statues en faïence, des verres, des pâtes de verre colorées, un stuc composé, vraisemblablement comme le nôtre, de plâtre et de colle forte, ou, comme celui des Romains, de marbre blanc et de chaux, et sur ce stuc, sculpté en relief, des figures diversement peintes, et qui ont, après des siècles, conservé leurs vives couleurs. On y voit des momies d’hommes et d’animaux,. dont l’enveloppe et les membres sont couverts de feuilles d’or ; des statues de bois et de bronze dorées ; des toiles de lin et de coton, les unes sans couleurs, les autres teintes, ou en bleu, par l’indigo, ou en rouge, par la garance ; enfin des papyrus offrant des caractères tracés avec une encre noire par des mains exercées.

On rencontre encore aujourd’hui, dans plusieurs villes de l’Égypte, des édifices construits en briques émaillées, et des appartements décorés de carreaux de faïence recueillis dans les ruines des villes anciennes, et qui, à cause de leur beauté, sont préférés par les riches aux carreaux que fournit actuellement

    liquement la décomposition de la matière par un acide puissant. On joue ici sur le mot ὔλη, qui signifie en effet tout à la fois forêt et matière. Voy.. Maier, Arcana arcanorum omnium arcanissimum. — J. Faber, Hercules Piochymicus.