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HISTOIRE DE LA CHIMIE

lacunes, et souvent un caractère purement conjectural, du moins en ce qui concerne la période primitive.

Les plus anciens habitants de l’Inde dont l’histoire fasse mention se donnaient eux-mêmes le nom d’Aryas, d’hommes braves. Établis d’abord au pied de l’Himalaya, dans la province de Delhi, ils vinrent occuper, 1500 ans avant J.-C., tout l’Indostan proprement dit. Les Aryas parlaient le sanscrit, et forment par leur langue, par leur type physique et moral, la souche de la grande race indo-européenne.

Comme la Chine, l’Inde est restée longtemps inconnue aux Européens ; car les notions qu’en avaient les anciens, depuis l’expédition d’Alexandre le Grand, ont fort peu de valeur. Ce n’est donc que dans les temps modernes, depuis l’époque de l’établissement des compagnies marchandes dans la presqu’île du Gange, que l’on a pu se procurer des renseignements plus précis sur cette contrée, considérée généralement comme le berceau de la civilisation. Malheureusement, ces renseignements n’ont aucun intérêt direct pour l’histoire de la chimie, ils concernent presque exclusivement la littérature, la religion, les mœurs et les coutumes des peuples de l’Inde (1[1]).

Cependant l’usage des métaux, leur mode d’extraction, l’emploi des alliages et des monnaies, la préparation des couleurs, du bleu (indigo), etc., connus dès la plus haute antiquité dans l’Inde, présupposent nécessairement des connaissances, quelque informes qu’elles soient, en métallurgie et en chimie. Toutefois la comparaison des langues ne nous apprend rien de positif à cet égard (2[2]).

Les Indiens étaient depuis fort longtemps renommés pour la trempe du fer (3[3]). Tout le monde a entendu parler de l’excellence du fer ou de l’acier indien pour la fabrication des instruments tranchants, particulièrement de ces fameuses épées que

  1. Parmi les manuscrits sanscrits de la Bibliothèque impériale de Paris, il ne se trouve aucun document qui puisse intéresser l’histoire de la chimie.
  2. Voy. Adolphe Pictet, Les Origines indo-européennes, ou les Aryas primitifs, essaie de paléontologie linguistique, 2 vol.  in-8o, Paris et Genève, 1863.
  3. Il paraît certain que les Indiens védiques, ainsi que les Iraniens, à peu près contemporains, savaient travailler le fer ; mais, comme dans leurs langues respectives, ayas ou ayah (le latin aes), désigne aussi le bronze, on reste dans le doute sur la valeur primitive de ce nom. Voy. A. Pictet, Les Origines indo-européennes, vol. II, p. 149.