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Le laque de Canton est un des plus recherchés. Il est noir, orné de dessins d’une finesse et d’une inaltérabilité remarquables. Il se fait avec un bois blanc recouvert d’un vernis noir, dont la composition exacte est le secret des fabricants chinois, La couleur d’or s’applique, au rapport de M. de Kéroulée, de la manière suivante : l’ouvrier trace, d’après un modèle et avec un pinceau d’une grande finesse, les dessins qu’il veut représenter ; son pinceau est trempé dans une substance rouge qu’on fait sécher sur le laque apposé le premier et dont le vernis est parfaitement sec. Quand l’application rouge est sèche, on passe sur le tout un tampon de ouate qu’on a préalablement frotté sur la poussière métallique ; celle-ci, par un secret des fabricants, mord les parties dessinées en rouge et forme ainsi un composé inaltérable qui retient la poudre d’or fixée solidement à sa surface. Le laque de Canton sert à faire des coffrets, des boîtes, des écrans, des plateaux, etc. — Le laque de Pékin est rouge. Il y en a d’ancien et de moderne. Dans le premier c’est le stuc concassé qui domine ; dans le second, c’est la cire qui forme le principal ingrédient. Le vieux laque est d’un rouge très-foncé, qui devient grenat au frottement ; tandis que le jeune laque est encore tout resplendissant de son éclat vermillon. Le laque de Pékin sert à faire des jardinières, des montants d’éventail, des étagères, etc. — Le laque de Fou-Tcheou est une composition grise, très-légère et ne se rencontre pas souvent dans le commerce. Malgré sa rareté, il est peu estimé et ne s’emploie que pour la fabrication des mêmes objets[1].

Les Chinois savent employer depuis longtemps le plomb, le cuivre, le fer, dans la préparation des couleurs et la fabrication des pierres précieuses artificielles. Ils connaissent les alliages métalliques, et particulièrement ceux de cuivre, de zinc et d’étain, qui servent à fabriquer des miroirs, des ustensiles de cuisine[2], des gongs, espèce de cloches cylindriques, qu’on fait résonner en les frappant avec de gros maillets de bois[3]. Ils con-

  1. G. de Kéroulée, Un voyage à Pé-kin p. 254 et suiv.
  2. Extrait du Ming y pie’ tou : « Pour tous les remèdes qui se préparent sur le feu, il ne faut point d’ustensiles de cuivre et de fer, il faut se servir d’ustensiles d’argent ou de terre. » (Du Halde, vol. iii, p. 454.) Cette citation montre que les Chinois connaissent le danger des ustensiles de cuivre et l’emploi de la vaisselle d’argent.
  3. La grande cloche de Pékin, mesurée par les jésuites, avait quatorze pieds