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duquel nous sortons pour devenir des vases de gloire ou d’ignominie[1]. »

Au rapport des voyageurs les plus récents, les porcelaines commencent à disparaître en Chine. Les vieux vases, les vieilles assiettes qu’on fabriquait du temps des Mings et qui portent le cachet de cette dynastie, deviennent de plus en plus rares et se vendent excessivement cher. Parmi ces vieilles porcelaines, on distingue les porcelaines à sujets, les craquelées et les céladons, espèces de vases avec des reliefs et d’une nuance de ce vert, appelé vert céladon. Quant aux porcelaines modernes, sorties pour la plupart des manufactures des environs de Canton, elles sont toutes peintes ; le rouge et le vert y dominent. Ces couleurs ainsi que l’or sont très-peu stables, et le bleu est loin de rappeler les tons chauds et le vif éclat de la belle couleur bleue du vieux chine de Sèvres[2].

La fabrication de la poterie, de la faïence et du verre, paraît également être fort ancienne en Chine. Le leou-li ou verre chinois se fabrique dans le district de Yen-Tsching. Il est plus fragile que celui d’Europe ; il se fendille lorsqu’il est exposé aux injures de l’air[3]. Quoique inférieurs à ceux des Japonais[4], les vernis des Chinois ne laissent pas d’être extrêmement beaux. On en fabrique une multitude d’objets laqués, depuis des paravents jusqu’à des cuvettes. Ce qui en rend le prix élevé, c’est le soin extrême qu’il faut apporter à la préparation d’un vernis plus ou moins consistant, et au nombre de couches à appliquer. Quand on en a appliqué une, on est obligé d’attendre très-longtemps qu’elle soit sèche, avant d’en apposer une seconde. C’est ici surtout qu’il faut admirer la patience et l’esprit industrieux des Chinois[5].

  1. Ouvrage cité, p. 184 (vol. ii).
  2. G. de Keroulée. Un voyage à Pé-kin (Paris, 1861), p. 257.
  3. Du Halde, ouvrage cité, p. 199 (vol. 1).
  4. Voici comment s’exprime à cet égard l’empereur Kaug-hi, dans ses observations de physique et d’histoire naturelle : « Le vernis du Japon est d’une finesse, d’un éclat et d’un poli qui charment l’œil ; celui de la Chine lui est inférieur. Tout le monde en fait honneur à l’adresse des Japonais : c’est une méprise de préjugé et d’ignorance. L’application du vernis demande un air doux, frais, serein ; celui de la Chine est rarement tempéré, et presque toujours chaud ou froid, ou chargé de poussière, etc. » (Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts, etc., des Chinois, par les missionnaires de Pékin, t. iv.)
  5. Davis, La Chine, vol.ii, p. 186.