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Le P. Dentrecolles nous apprend, en outre, que les Chinois font, avec une certaine substance, appelée hoa-ché, une porcelaine beaucoup plus belle et d’un prix plus élevé que la porcelaine commune.

« Le hoa-ché est, dit-il, une substance glutineuse, et qui se rapproche en quelque sorte du savon ; les médecins en font une espèce de tisane qu’ils disent être détersive et apéritive[1]. »

Ce hoa-ché est, sans aucun doute, le talc[2] (silicate de magnésie et d’alumine), aujourd’hui employé en Europe, particulièrement pour la fabrication de la porcelaine du Piémont.

Le vernis qu’on applique à la porcelaine se prépare avec le pe-tun-tse (feldspath) et le che-kao (quartz) finement pulvérisés. « On y ajoute, dit le P. Dentrecolles, une huile qu’on fait avec des cendres de fougère et de la chaux vive, mêlées et traitées par l’eau. » Évidemment, cette prétendue huile n’est autre chose qu’une solution de potasse caustique qui est, en effet, huileuse au toucher.

Les Chinois connaissaient donc depuis longtemps la préparation des alcalis caustiques au moyen de la chaux vive et des cendres. Celles-ci provenaient, non pas du premier végétal venu, mais de la fougère, plante précisément très-riche en potasse.

À raison de la nombreuse population de la Chine, la main-d’œuvre y est à très-bas prix. Des centaines de bras sont occupés là où l’on n’emploie, en Europe, qu’une douzaine de personnes[3]. « Il est surprenant de voir, dit le P. Dentrecolles, avec quelle vitesse ces vases de porcelaine passent par tant de différentes mains. On dit qu’une pièce de porcelaine cuite a passé par les mains de soixante et dix ouvriers. Car ces grands laboratoires ont été pour moi comme une espèce d’aréopage, où j’ai annoncé celui qui a formé le premier homme du limon, et des mains

    dès lors une manufacture de porcelaine à Sèvres, qui devint le modèle d’autres établissements semblables en Europe.

  1. Du Halde, ouvrage cité, p. 178 {iie vol.).
  2. Le mot talc dérive de l’allemand talg, graisse, à cause du toucher graisseux de cette roche.
  3. Ce qui s’oppose à la culture du thé en France ou en Algérie, c’est bien moins la nature du sol ou du climat que le manque de bras et le défaut de ces soins minutieux où les Chinois excellent. Il est difficile de se faire une idée de la patience et du temps qu’ils mettent à égréner les plus petites mottes de terre : on dirait la terre passée au tamis. 1 ! faut y joindre encore les soins avec lesquels ils récoltent et préparent le thé avant de le livrer au commerce.