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aisément à un degré de chaleur convenable, mais que celui qu’elle a reçu ne soit qu’exactement suffisant pour produire un commencement de vitrification : cette porcelaine fortement chauffée fondra facilement. Telle était la composition des porcelaines imitées en Europe. 2° La porcelaine peut être formée de deux substances, dont l’une se vitrifie par la chaleur, qui ne produit sur l’autre aucun changement. En faisant cuire suffisamment une porcelaine de cette espèce, la fusion de la portion qui en est susceptible enveloppe la portion qui résiste à l’action de la chaleur, et il se forme ainsi une substance demi-transparente, que ne peut plus altérer le même coup de feu. C’est dans cet état que doit être la porcelaine du Japon. »

Les détails communiqués par le P. Dentrecolles, sur le mode de fabrication de la porcelaine en Chine, confirment les idées de Réaumur que nous venons de citer.

La matière de la porcelaine se compose, dit le P. Dentrecolles, de deux sortes de terre : l’une appelée pe-tun-tse, et l’autre qu’on nomme kao-lin. Celle-ci est parsemée de corpuscules brillants, micacés ; l’autre est sensiblement blanche et très-douce au toucher. Les pe-tun-tse, dont le grain est si fin, ne sont que des quartiers de roches feldspathiques qu’on tire de certaines carrières[1].

Réaumur trouva aussi qu’en exposant séparément à une chaleur violente ces deux substances, on parvenait à fondre le pe-tun-tse, roche feldspalhique (silicate de potasse et d’alumine), tandis que le kao-lin, espèce de sable argileux, restait infusible[2].

  1. Du Halde, Description de la Chine, vol. ii, p. 177. Le P. Dentrecolles, missionnaire de la Chine, avait une église dans King-te-Tsching, endroit où l’on fabrique la plus belle porcelaine de la Chine, et parmi ses chrétiens néophytes il en comptait plusieurs qui étaient fabricants de porcelaine.
  2. Ces recherches ne furent pas poussées plus loin par Réaumur. Mais, en 1758, le comte de Lauraguais, Darcet et Legay, entreprirent une série d’expériences qu’ils continuèrent pendant quatre ans. Ils furent ainsi amenés à la découverte d’une porcelaine ayant les mêmes qualités que celle de la Chine ou du Japon, et qui ne lui cédait qu’en blancheur. Macquer, qui était alors chargé de l’inspection de la manufacture de Sèvres, conseilla au gouvernement français de proposer un prix pour la découverte des substances terreuses propres à donner une porcelaine blanche. Cette proposition ayant été adoptée, un pharmacien de Bordeaux, nommé Villaris, annonça que, dans les environs de Saint-Yrieux-la-Perche (Haute-Vienne), il existait une terre blanche qui, dans son opinion, devait remplir le but désiré. En effet, cette terre, essayée par Macquer, répondit à cette attente. Il fut établi