Page:Hœfer - Histoire de la chimie, volume 1, 1866.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ces contrées que furent apportés pour la première fois des échantillons de porcelaine. On les admira pour leur beauté ; on chercha ensuite avec ardeur les moyens de s’en procurer, et bientôt cette porcelaine devint, par imitation des vases murrhins[1] chez les Romains, l’ornement de la table des riches. Les nombreuses tentatives qu’on fît pour l’imiter furent presque toutes sans succès ; et ce n’est que par un de ces faits, en apparence fortuits, qui ont si souvent contribué aux progrès des sciences et des arts, que sa composition fut connue en Allemagne au commencement du dix-huitième siècle. Un chimiste allemand (de la Thuringe), nommé Macheleid, s’occupant d’expériences sur les combinaisons des terres les plus propres à former les meilleurs creusets, en trouva une qui produisit une porcelaine semblable à celle de la Chine ou du Japon, et qui la surpassa en solidité. Mais on fit un secret de sa composition, et les savants n’en avaient encore aucune idée exacte, lorsque Réaumur publia, en 1727 et 1729, ses observations sur ce sujet.

Par l’examen comparatif que fit Réaumur des porcelaines de la Chine et de celles fabriquées en France et en Allemagne, il trouva que les premières étaient compactes et solides, tandis que les porcelaines imitées étaient poreuses. En chauffant fortement ces porcelaines, il voyait que celles de la Chine n’éprouvaient aucune espèce d’altération, pendant que les autres se fondaient en une masse vitreuse. Il conclut de ces expériences, que la porcelaine doit sa demi-transparence à une sorte de vitrification, et que cet effet peut avoir lieu de deux manières : « 1° La composition de la porcelaine peut, dit-il, être telle que ses parties constituantes soient susceptibles de se vitrifier

    chinois). Suivant les uns, ce nom vient du portugais porcellana, petite tasse ; suivant d’autres, il dérive de portulaca oleracea, pourpier, dont la fleur est d’un blanc rosé : on l’appelait ainsi parce que la porcelaine des anciens était de cette couleur. (Whitaker’s Course of Hannibal over the Alpes, i, 55.) Enfin, d’après Marsden, le mot porcelaine ou porcellana fut appliqué dès le commencement par les Européens à la faïence chinoise, à cause de la ressemblance que présente sa surface polie avec celle de la coquille univalve, qui tirait elle-même son nom du rapprochement de sa forme convexe avec le dos arrondi d’un porcella ou petit cochon. (Marco-Polo, p. 428, note de Marsden.) Les Anglais appellent la porcelaine, avec beaucoup plus de raison, Chinaware, marchandise de Chine.

  1. Les vasa murrhina des Romains étaient, selon Whitaker, des vases de porcelaine. (Voy. Course of Hannibal over the Alpes, i, 55.)