Page:Hœfer - Histoire de la chimie, volume 1, 1866.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

__________________________________________________________________

EXTRÊME-ORIENT.
CHINOIS ET JAPONAIS.

Les Chinois cultivaient les sciences et les arts à une époque où les nations de l’occident étaient encore plongées dans la barbarie. Pourquoi ? voilà ce qui a singulièrement préoccupé l’esprit des philosophes et des historiens. Pour expliquer ce phénomène, nous n’avons pas besoin de recourir à des supputations chronologiques, plus ou moins contestables. Le caractère moral, l’histoire politique, la position géographique, la population même de la Chine, expliquent parfaitement l’antiquité de sa civilisation. La population de la Chine est extrêmement nombreuse ; en tout temps elle paraît avoir été trop à l’étroit dans l’espace qu’elle occupe[1]. Moins inquiétée au dehors que la race caucasique ou aryenne, la race mongole a pu se livrer de bonne heure aux travaux paisibles des arts et de l’industrie. Les hordes guerrières, qui ébranlèrent l’Europe et mirent fin à l’empire romain, se dirigeaient de l’orient à l’occident. Toutes ces peuplades indisciplinées, dont l’origine est encore un problème, tournaient donc le dos à la Chine[2].

  1. Le peuple chinois civilisé n’occupait, au XIIe siècle avant notre ère, qu’un espace limité au midi par le 33e ou le 34e degré de latitude, au nord par les 37e et 38e. Le milieu de cet espace correspond à la vallée inférieure du fleuve Jaune ; et, d’après un recensement de cette époque, sa population s’élevait à vingt et un millions d’individus. Jusqu’au IIIe siècle avant notre ère , les parties méridionales de la Chine ont été occupées par des hordes sauvages. (Journal asiatique, n" 58, 1840.)
  2. « Une tribu de pasteurs au teint basané, de race toukiouiche ou turque, les Hiouguioux, habitaient sous des tentes de peau, la steppe élevée de Gobi. Une partie de cette tribu, longtemps l’épouvante de la puissance chinoise, fut refoulée au sud vers l’intérieur de l’Asie. Ce choc des nations se propagea irrésistiblement jusqu’à l’Oural, siège primitif des Finois. De là firent irruption les Huns, les Avares, les Khasars, et diverses races mêlées, d’origine asiatique. Les armées des Huns se montrèrent d’abord sur le Volga, puis en Pannonie, enfin sur la Marne et aux rives du Pô, dévastant les riches campagnes où, depuis les temps d’Anténor, le génie créateur de l’homme avait entassé monument sur monument. Ainsi un souffle empesté vint, des déserts de la Mongolie, flétrir, sur le sol cisalpin, la fleur délicate des arts cultivée depuis tant de siècles. » Alex. de Humboldt, Tableaux de la nature, tome I, p. 19 de notre traduction.