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HISTOIRE
DE LA CHIMIE.

COUP D'ŒIL GÉNÉRAL
SUR LE PROGRÈS DE LA SCIENCE.

Avant de se constituer, la science obéit à un mouvement oscillatoire qui la porte tantôt vers la théorie, tantôt vers la pratique. Jamais il n’y a d’équilibre parfait entre le sujet qui observe et l’objet soumis à l’observation.

Trois grandes époques dominent la science.

Dans la première époque, l’intelligence qui s’assimile les faits est, autant que possible, indépendante, libre de toutes les entraves de la superstition et des préjugés systématiques. Bien que dépourvues de preuves scientifiques, les doctrines d’intuition primitive nous étonnent souvent par leur justesse et leur grandeur. Cette époque, qui incline visiblement vers la pratique, embrasse toute l’antiquité, et s’étend jusqu’au moment de la lutte mémorable entre le christianisme naissant et le paganisme à l’agonie.

Dans la seconde époque, l’esprit d’observation s’affaiblit ou s’égare. Soumise à l’autorité spirituelle, la pensée abandonne le champ de l’expérience pour se réfugier dans le domaine de la spéculation mystique et surnaturelle. De là l’origine de tant de doctrines étranges, enfantées par l’imagination des disciples de l’art sacré et de l’alchimie. Cette époque, qui incline plus particulièrement vers la théorie, comprend tout le moyen âge, jusqu’aux temps modernes.

Dans la troisième époque enfin, qui est la nôtre, et que par un sentiment d’orgueil inné les contemporains sont toujours portés à juger favorablement, la lumière semble apparaître après les