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IX
PREFACE.

découvertes. Et si M. Chevreul a depuis longtemps le projet de publier une histoire de la chimie, il faut reconnaître que l’illustre doyen des chimistes n’avait encore rien écrit sur ce sujet avant la publication de mon livre, auquel il a consacré une série d’articles dans le Journal des savants (années 1845, 1846 et suivantes).

Il y a des savants qui comprennent, je le sais, l’histoire d’une science autrement que moi. Ainsi, ils voudraient qu’on jugeât, sans appel, la science d’autrefois par celle d’aujourd’hui, comme s’il était possible de supprimer les perspectives du temps, bien plus trompeuses que les illusions optiques de l’espace ; ils voudraient qu’on laissât de côté tous les détails auxquels ils sont initiés par leur état, mais qui sont nécessaires à l’intelligence des profanes, beaucoup plus nombreux ; enfin ils voudraient faire de l’histoire d’une science une sorte de champ clos où seraient débattues par quelques rares initiés les questions litigieuses de priorité de découvertes. Mais ils oublient que des discussions qui mettent l’amour de la science en conflit avec l’orgueil humain ou avec des doctrines individuelles, sont aussi irritantes qu’interminables et stériles.

En somme, la manière dont je comprends l’histoire des sciences diffère radicalement de l’idée que s’en font les savants, non habitués à franchir les limites de leur domaine. Ce n’était donc pas de ce côté-là que devaient me venir les encouragements.

Je respecte trop le public pour l’entretenir d’affaires personnelles. Je me bornerai donc à déclarer que les mêmes difficultés se renouvelèrent, quand je voulus reprendre mon projet. Les éditeurs, auxquels je m’adressais, refusèrent poliment de publier l’histoire de la science qui devait faire suite à celle de la chimie : l’un me commandait un lexique, un autre des traductions de grec