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VIII
PRÉFACE.

jour, — et ceux-là sont plus nombreux qu’on ne s’imagine, — je regarde comme un devoir de parler.

J’ai toujours pensé que la meilleure méthode de populariser les études scientifiques, en général si peu attrayantes, consistait à exposer, comme dans un panorama, les différentes phases qu’une science a parcourues depuis son origine jusqu’à l’époque où elle se présente à la couche transitoire des contemporains. Cette méthode permet de contempler de haut les efforts de l’esprit humain aux prises avec l’inconnu, en même temps qu’elle montre comment l’erreur peut, avec une ténacité prestigieuse, usurper durant des siècles la place de la vérité.

Enseigner les sciences par leur développement successif, par la vie si instructive de leurs fondateurs, enfin par le libre déploiement des facultés humaines, tel était le plan, philosophique et historique à la fois, que je m’étais tracé, il y a plus d’un quart de siècle.

Ce fut d’après la méthode et le plan indiqués que j’entrepris, en 1840, d’écrire l’Histoire de la chimie. Cet ouvrage serait resté inédit, si le Dr  Quesneville, alors directeur de la Revue scientifique, ne s’en était pas rendu l’éditeur[1]. Aucun libraire n’en voulait : Qu’est-ce que l’histoire de la chimie ? cela ne figure pas sur le programme de l’enseignement ; il n’en est question ni à l’Académie, ni à la Sorbonne, etc. Voilà en quels termes j’étais éconduit.

À cette époque, l’histoire de la chimie, telle que je l’avais conçue, était, en effet, une nouveauté. L’ouvrage de H. Kopp ne parut qu’un an après le mien, et la Geschichte der Chemie de Gmelin, qui ne commence qu’au neuvième siècle de notre ère, n’est utile à consulter que pour la connaissance des sources et des dates de

  1. Le premier volume parut en 1842, et le second en 1843, au bureau de la Revue scientifique, rue Jacob, 36, à Paris.