instinctive. Herbert donne en passant à cette idée un plus ample développement dans son autobiographie. Il naît en nous des dispositions et des appétits qui ne peuvent, de par les données de l’expérience, arriver à leur complète application ou avoir satisfaction entière. Le parfait, l’éternel et l’infini pourraient seuls nous apporter le calme. La divinité même, tel est leur objet propre. Voilà pourquoi en tout homme sain et normal se trouve une disposition identique à la religion, quoiqu’elle se développe très différemment et qu’elle ne s’exprime peut-être pas par le culte extérieur. La base de toute religion est formée par cinq propositions valables partout ; il est un Être suprême, divin ; cet Être doit être adoré ; l’essentiel de l’adoration qui lui est due consiste dans la vertu unie à la piété ; le sacrilège et le crime doivent être expiés par le repentir ; après cette vie, il y aura une récompense et un châtiment. Ce qui dans les diverses religions ne contredit pas ces propositions et sert à les confirmer, on peut le croire. S’il se trouve des hommes pour les contester, cela peut s’expliquer par le fait que dans les religions se sont manifestées tant d’idées fausses et indignes que certains se sont décidés à les rejeter toutes, sans excepter la religion naturelle. Ces cinq propositions suffisent en soi ; on devrait s’y attacher et laisser là les questions litigieuses. Les instincts naturels sur lesquels s’appuie la religion naturelle apportent aux individus une révélation interne ininterrompue qui les fait s’affranchir de la parole du prêtre.
On serait tenté d’appliquer à Herbert les termes de Senamus, qu’il n’est pas du tout facile de tracer la limite entre l’essentiel et l’accessoire de la religion. Il serait de même impossible de démontrer que ces cinq points se trouvent réellement dans toutes les religions. Et alors même que l’on prouverait qu’ils sont universels, il ne s’ensuivrait pas le moins du monde qu’ils sont fondés par des instincts naturels. Et à supposer qu’ils aient une origine instinctive, il resterait à démontrer (ainsi que nous l’avons indiqué), comment ils se sont développés. Herbert procède trop vite et par trop dogmatiquement. Chemin faisant, il effleure sans s’arrêter toute une série de problèmes relatifs à la théorie de la connaissance, à la psychologie et à la religion. La conception générale, esquissée à grands