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laquelle on maintient et on développe les données saisies au point de départ.

On devra toujours ramener la caractéristique ainsi que la critique de tout essai philosophique à ces trois points. Dans l’exposé qui suit, j’accorde plus d’importance aux deux premiers. Souvent le manque de conséquence d’un grand penseur tient naturellement à ce que plusieurs ordres d’idées se sont révélés à son génie, sans qu’il ait pu les poursuivre assez loin pour découvrir leur contradiction réciproque. Et il peut être de la plus grande importance de dégager ces différents ordres d’idées. Le meilleur serait naturellement l’union de la profondeur et de la rigueur dans les conséquences.

L’essai fait pour poser ou pour résoudre un problème peut offrir un double intérêt. Premièrement, il peut être considéré comme symptôme, comme manifestation historique de courants spirituels. Vue sous cet aspect, l’Histoire de la Philosophie est une partie de l’Histoire générale de la Civilisation. Secondement, on peut l’examiner par rapport à la clarté réelle, définitive qu’il a fait obtenir. Cette considération est plus spécialement philosophique et technique. Les deux faces sous lesquelles on peut observer les phénomènes philosophiques seront naturellement entre elles dans des rapports très différents selon la différence de ces phénomènes. Parfois même l’intérêt historique pourra se trouver en raison inverse de l’intérêt purement philosophique.

Pour indiquer en substance en quoi mon exposé de la Philosophie des temps modernes se distingue de son devancier dans la littérature danoise, de l’ouvrage de Bröchner paru il y a vingt ans, je nommerai d’abord l’importance particulière que j’accorde au facteur personnel et aux rapports avec les sciences expérimentales, ainsi qu’à la signification historique des faits philosophiques. J’indiquerai en outre ma tendance à donner le pas à la manière dont les problèmes sont posés sur la manière dont ils sont résolus. Les solutions peuvent passer, tandis que les problèmes restent vivants, sinon la Philosophie n’aurait pas eu une carrière aussi longue que celle qu’elle a déjà fournie. Enfin, il va de soi que l’étude renouvelée des sources, ainsi que la mise en valeur de la riche littérature de ces vingt