chologie et l’éthique de la théologie que nous devons faire ressortir ici.
3. — Pietro Pomponazzi et Nicolo Machiavel
La pensée du Moyen Age, en s’appuyant sur Aristote, dont elle avait courbé les idées dans le sens exigé par les dogmes, reposait tout entière sur une base antique. Mais en opposition avec cette explication « latine » d’Aristote se trouvaient, d’une part les anciens commentateurs grecs, qui concevaient sa doctrine d’une façon plus naturaliste, et d’autre part les commentateurs arabes, en première ligne Averroès, qui lui attribuaient un sens panthéiste. Ces trois groupes de commentateurs se contredisaient dans la question de savoir quelle portée Aristote donnait à l’immortalité de l’âme. D’après les commentateurs grecs, dont on ne tenait aucun compte au Moyen Âge, Aristote enseignait le développement naturel de la vie psychique, des degrés inférieurs aux degrés supérieurs, de telle sorte que même le degré le plus élevé n’était pas indépendant des conditions naturelles. Selon l’explication d’Averroès, la forme la plus haute de la pensée n’est possible que parce que l’homme participe à la raison éternelle ; mais cette participation n’a qu’un temps, les âmes individuelles ne sont pas immortelles ; c’est la raison universelle qui est immortelle, et elles ne font qu’y participer pour un moment dans leurs actes suprêmes de pensée. Par contre, les théologiens sectateurs d’Aristote, Thomas d’Aquin en tête, défendent l’immortalité de l’âme comme un dogme, fondé par la faculté que possède l’âme de connaître et de vouloir l’universel et l’éternel.
Cette question si controversée fut discutée par Pietro Pomponazzi dans un petit ouvrage remarquable (de Immortalitate animi, 1516). On a vu avec raison dans cet écrit l’introduction à la philosophie de la Renaissance. Il mérite cette place pour la façon dont le problème est traité. À vrai dire, il ne fait que rechercher quelle est l’opinion véritable d’Aristote, mais il déclare en même temps vouloir discuter la question conformément à la raison naturelle, indépendamment de toute autorité. Le but qu’il se propose, c’est d’affirmer les rapports naturels de