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enfant nu, si je le pinçais, Kunno, n’en garderait-il pas la marque ? Les viandes sautent dans la poêle toutes chaudes, toutes chaudes[1] !… et ces pincettes d’argent ! Si Muellos ou Pataikiskos[2], fils de Lamprion, les voyaient, n’est-ce pas que les yeux leur sortiraient de la tête et qu’ils croiraient voir de l’argent véritable ? Vois ce taureau et l’homme qui le conduit ; et la femme qui marche derrière ; et celui-ci qui a le nez camus ; et cet autre qui l’a retroussé ? Ne sont-ils pas tous vivants, en chair et en os ? N’était la réserve qui sied à une femme, je jetterais les hauts cris : vraiment ce taureau me fait peur : vois cet œil, vois, Kunno, quel regard de travers il me lance !

KUNNO.

C’est qu’elles sont vivantes, ma chère, les œuvres sorties de la main du peintre d’Éphèse. Apelle a su tout rendre. Tu ne diras pas : cet homme voyait ceci, mais pas cela : quoi qu’il se mît en tête[3], fût-ce de s’attaquer aux dieux, il y parvenait promptement. Qui a pu le voir ou voir ses tableaux sans rester bouche bée,

  1. Cf. le σπλαγχνόπτης mentionné par Pline (H. N., XXXIV, 19, 21).
  2. Muellos et Pataikiskos sont évidemment deux voleurs.
  3. Quoi qu’il se mît en tête. Nous supprimons la virgule après γένοιτο.