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stille, comme ferait une urne fêlée : « Apollon chasseur…[1] ». — Mais ceci, lui dis-je, la grand’mère qui ne sait pas même lire et le dernier des esclaves te le réciteront. Et si nous voulons parler un peu plus haut, pendant trois jours il ne connaît plus le seuil de la maison, il va gruger sa grand’mère, une pauvre femme sans sou ni maille, ou bien on le voit sur le toit, les jambes en dehors, assis comme un singe, la tête baissée. Tu peux bien penser que mon sang ne fait qu’un tour, quand je vois cela. Ce n’est pas que je me soucie tant de lui, mais tout le toit se brise comme galette, et quand l’hiver arrive, je paie en gémissant trois demi-oboles pour chaque tuile. Car il n’y a qu’une voix chez tous les locataires : « C’est le fils de Métrotimé, Kottalos, qui a fait le coup ». Et c’est la vérité ; pas moyen de desserrer les dents. Vois comme il s’est pelé toute l’échine dans les bois, comme un vieux pêcheur[2] délien qui consume sa vie dans la mer. Quand viendra le sept ou le vingt du mois, il le sait mieux qu’un astrologue[3], et le sommeil ne peut rien sur lui quand il pense à vos jours de

  1. Apollon chasseur. Ἄπολλον ἀγρεῦ semble être le commencement d’une tirade très connue du temps d’Hérondas. On ne peut guère supposer qu’une femme invoque le Dieu chasseur, plutôt que les Parques ou Héra.
  2. Comme un vieux pêcheur. Buecheler et Crusius attachent aux mots τὠμβλὺ τῆς ζόης le sens de sa bête de vie. Nous entendons : « la partie émoussée de la vie », c’est-à-dire la vieillesse. Cf. fragment de Μολπεινός.
  3. Astrologue. Ce mot rend insuffisamment le grec ἀστροδιφέων, terme de dénigrement, populaire sans doute.