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or, adolescents, temple des dieux frères, excellent roi[1], musée, vin, tous les biens qu’on peut désirer ; des femmes si nombreuses que, par Koré, le ciel ne peut se vanter de porter autant d’étoiles, et charmant les yeux non moins que les déesses qui se disputèrent autrefois devant Pâris le prix de la beauté (puissent-elles ne pas m’entendre !). À quoi penses-tu donc, malheureuse, de rester clouée sur ta chaise ? Mais tu vieilliras sans t’en douter, tes cheveux grisonneront et la fleur de ta jeunesse se flétrira. Allons, que l’on tourne ailleurs ses regards[2], que pour deux ou trois jours on change d’esprit, et qu’on se déride avec un autre ami ! Un vaisseau n’est pas mouillé fermement sur une seule ancre[3]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nul de nous ne connaît l’avenir, car changeante est notre fortune.

MÉTRICHÉ.

Où veux-tu donc en venir ?

GULLIS.

Personne ne peut nous entendre ?

  1. Excellent roi : c’est Ptolémée III Évergète ; son règne va de 247 à 226.
  2. Que l’on tourne ailleurs ses regards : nous traduisons le supplément proposé par Weil, πάπτη]νον ἄλλῃ.
  3. Sur une seule ancre. Les trois vers qui suivent sont trop mutilés pour qu’on puisse les restituer d’une façon vraisemblable. Crusius introduit fort étrangement l’idée de la mort (l’ennemi commun ?) et donne des mots μηδὲ εἷς ἀναστήσῃ une explication inadmissible. Buecheler entend : nec quisquam excitet (sollicitetve) ; c’est forcer le sens de ἀναστήσῃ. Peut-être faudrait-il entendre par ce dernier mot, non pas excitet, mais recreet ; le sens serait alors : « un nouvel ami, si l’orage éclate, et que nul ne te ranime, sera là pour te protéger ». Mais ce sont là de simples conjectures, peu conciliables avec les lectures de Blass.