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le trouve en compagnie de Ganymède, en train de jouer aux osselets : « Il tenait contre son sein la paume de sa main gauche toute pleine, il était debout, une douce rougeur empourprait ses joues ; près de lui, Ganymède, assis sur ses genoux, restait silencieux, les yeux baissés ; il n’avait plus que deux osselets, ayant sans réflexion jeté les autres tour à tour : le rire d’Éros le courrouçait[1]. » Ces deux morceaux ne ressemblent guère, on le voit, à des fragments d’épopée ; le premier pourrait passer pour un véritable mime : Métrotimé se plaignant de Kottalos est une variante réaliste et vulgaire des doléances de Kypris.

On a dit avec raison que « les Alexandrins ont cherché et trouvé quelques-unes des voies nouvelles où devait entrer, après eux, la poésie moderne[2] ». On ne peut s’empêcher en effet, quand on lit les mimes d’Hérondas, de penser à plusieurs de nos poètes contemporains qui prennent leurs sujets dans la vie et les mœurs populaires. Ils cherchent la poésie du prosaïque et s’arrêtent volontiers devant les spectacles que le profane dédaigne. L’auteur des Humbles nous dit très simplement qu’aux plus beaux sites alpestres il préfère les paysages de banlieue, et nous l’en croyons sur parole.

  1. Argonautiques, II, vers 120-125.
  2. A. Couat, Poésie alexandrine, 1re éd., p. 517.