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gie du parler populaire, quelle allure nette et franche il donne à sa phrase, avec quel art il sait frapper des vers pleins et solides qui rendent le son clair d’un métal pur.

VI

Les mimes d’Hérondas ont tous les caractères de l’art alexandrin : cette comédie en miniature souvent très voisine, nous l’avons vu, des idylles de Théocrite, porte bien la marque d’une époque où l’hymne et l’épopée elles-mêmes perdent leur grandeur et leur enthousiasme pour devenir des genres mièvres et coquets. La poésie s’intéresse aux humbles et à la réalité commune. Le goût des scènes familières se montre dans les Argonautiques d’Apollonios de Rhodes et dans les Hymnes de Callimaque ; à plus forte raison le trouverait-on dans l’Hékalé si le poème nous était parvenu plus complet. Les Alexandrins s’arrêtent si complaisamment devant ces tableaux de genre, que leur poème perd souvent son unité de ton. Nous en voyons un exemple frappant dans un hymne de Callimaque : Artémis va dans l’île des Cyclopes demander à Héphaistos un carquois et des flèches. Les nymphes prennent peur à la vue de ces mons-