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sous le manteau. Koritto ne répond pas tout de suite à la question de son amie : elle est vive, remuante, prompte à s’emporter. C’est à son esclave qu’elle s’en prenait tout à l’heure, elle s’indigne maintenant à la pensée qu’un objet aussi précieux est passé dans les mains d’une femme qu’elle n’aime pas, par l’indiscrétion d’une amie. Métro la calme de son mieux et revient à sa question : rien n’est plus plaisant que sa persévérance opposée aux emportements continuels de Koritto ; l’auteur retarde à dessein la réponse de cette dernière pour rendre sa visiteuse plus pressante. Le nom de l’ouvrier arrive enfin : c’est Kerdon, « un petit chauve » qui « travaille comme Pallas en personne », (Notons au passage que Koritto pourrait faire plus d’honneur à la Déesse vierge : ne craignait-elle pas tout à l’heure d’irriter Adrastée par des paroles présomptueuses ?) Ce qu’il faut surtout observer, c’est la manière dont Koritto change de ton : elle était naguère maussade et hargneuse, dès qu’elle conte sa visite à l’ouvrier, elle oublie tout, sa figure s’épanouit, ses yeux brillent, elle est toute sensualité. Comme personne ne l’écoute et qu’on est entre femmes, elle s’abandonne entièrement, elle parle crûment, sans périphrases. Elle détaille complaisamment l’objet, en vante le fini, la perfection absolue ; elle conclut enfin par l’éloge de l’artiste : on ne trouvera jamais « un cordonnier