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même. Bitinna ne craint pas d’appeler les choses par leur nom : son langage ressemble à sa passion, il a la même fougue et la même impudeur.

Hérondas pousse encore plus loin le réalisme dans les Deux amies en visite. Sa Jalouse n’était que passionnée : Métro et Koritto sont des dépravées. Leur conversation est si peu édifiante que plusieurs érudits se sont trompés fort étrangement sur ce qui en fait le sujet ; on aurait pourtant mauvaise grâce à le leur reprocher : les erreurs qu’ils ont pu commettre sont plutôt à leur honneur. On pouvait aisément se convaincre que les mimes d’Hérondas n’avaient rien d’un traité de morale, mais il était difficile de ne point éprouver quelque surprise en voyant le poète aborder, de l’air le plus naturel, un sujet plus que scabreux. Métro vient trouver Koritto pour lui demander le nom et l’adresse d’un certain cordonnier fort habile : elle a vu chez une amie un chef-d’œuvre de cet artiste, et meurt d’envie d’en posséder un semblable. S’agit-il de fines pantoufles ou de bottines élégantes ? L’ouvrier dont elle s’informe a-t-il, mieux qu’aucun autre, l’art de faire valoir un pied mignon ? Il s’agit de bien autre chose : l’objet qui a rempli Métro d’admiration et de convoitise est un « Baubon », c’est-à-dire l’emblème que l’on portait dans les processions dionysiaques, mais perfectionné par l’art des ouvriers pour être vendu