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reproche à sa maîtresse de « boire son sang jour et nuit », mais celle-ci se soucie peu de ses plaintes : elle veut le punir d’avoir oublié tout ce qu’il lui doit, de ne s’être pas souvenu qu’il était un vil esclave et qu’il est maintenant un homme, grâce à elle. On va donc le punir et le faire servir d’exemple à la ronde : un autre esclave est chargé de l’attacher fortement, de serrer les cordes jusqu’à ce qu’elles entrent dans les chairs. Gastron, pour échapper au supplice, avoue le crime dont on l’accuse et dont il est sans doute innocent. Mais son aveu reste inutile, il n’en subira pas moins son supplice. Le pauvre esclave, tremblant de peur, essaie alors de se dire innocent, mais sa maîtresse n’a pas oublié son aveu, elle donne ses ordres d’une façon plus impérieuse encore, le coupable recevra mille coups sur le dos et mille coups sur le ventre. Déjà ses compagnons l’emmènent, quand Bitinna se ravise et les rappelle : elle veut que l’esclave soit marqué au poinçon après avoir été fustigé. À ce moment une servante qu’elle aime comme sa propre fille se jette à ses pieds et implore le pardon du coupable : la fête des Morts est prochaine, elle fera grâce à cette occasion. Bitinna cède et se contente de faire à l’esclave une menace qu’elle se hâtera d’oublier.

Même quand Bitinna semble le plus impérieuse et le plus résolue à se venger, on sent que sa haine du bel esclave est plus apparente que réelle : elle