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jeune enfant qui regarde une pomme : elle lui fait des yeux, ma chère ! on sent qu’elle se meurt de désir. Là c’est un enfant qui étrangle une oie : l’illusion est si forte, qu’il faut presque toucher le marbre pour s’assurer qu’on n’a pas devant soi de la chair vivante. Ailleurs c’est la statue de Batalé, la fille de Muttis : quand on a vu ce marbre, il n’est point besoin de voir la personne : l’un, c’est l’autre. Plus loin, Kokkalé voit un enfant nu qui fait griller des viandes : « Si je le pinçais, n’en garderait-il pas la marque ? » Nos deux amies s’arrêtent enfin devant un tableau qui doit être de plus grandes dimensions : un homme conduit un taureau (sans doute au sacrifice), une femme marche derrière et deux personnages complètent le groupe : « l’un a le nez camus, l’autre l’a retroussé », l’observation est de Kokkalé. C’est le taureau que le peintre semble avoir traité avec le plus d’art : son regard est si bien rendu qu’une de nos commères prend peur : elle va crier, mais elle se retient par bienséance : « Vraiment ce taureau me fait peur : vois cet œil, vois, Kunno, quel regard de travers il me lance ! » L’arrivée du néocore met fin à cette revue des œuvres d’art : il vient annoncer que le sacrifice est bien accueilli, et les deux amies quittent le temple après avoir pieusement accompli les cérémonies d’usage.

On a vu, d’après cette analyse, en quoi consiste