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exception apparente, c’est que l’auteur, ayant une arrière-pensée, ne leur donne à dessein que peu de personnalité.

Hérondas en composant cette pièce semble se proposer un double objet : son vrai dessein est de rendre hommage aux chefs-d’œuvre réunis dans l’Asklépiéion et de nous faire connaître ses préférences d’artiste, mais en même temps il conçoit une manière originale de nous présenter ces œuvres d’art : il fera parler en son nom deux femmes du peuple qui jugeront tout naturellement et tout simplement ce qu’elles voient ; nous saurons donc en même temps quels sont les goûts du poète et comment le peuple sent l’art. Kunno et Kokkalé, deux ménagères pauvres, viennent remercier Asklépios d’avoir écarté d’elles la maladie : elles lui offrent un coq en actions de grâces : c’est un maigre festin qu’elles donnent au dieu, mais elles ne sont pas riches et ne peuvent offrir davantage. Elles apportent aussi, selon l’usage, un tableau votif ; tandis qu’elles s’occupent de le placer, les deux femmes sont saisies d’admiration en voyant tant de belles statues. Elles s’extasient à l’envi : chacune d’elles découvre à tout instant un nouveau chef-d’œuvre et prend son amie par la main pour la conduire devant sa trouvaille. Et ce sont des exclamations, de petits cris de plaisir qui se succèdent sans interruption. Ici c’est une