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femmes qui font le métier de Gullis n’ont pas de meilleur moyen de couvrir leur morale équivoque. Métriché, qui voit très clair dans le jeu de l’entremetteuse, feint cependant de ne pas comprendre, et l’invite à s’expliquer ; Gullis s’assure d’abord que personne n’écoute, et c’est alors seulement qu’elle s’acquitte de son message. Son édifiante homélie se divise donc nettement en deux parties, séparées par une interruption de Métriché. L’artifice est des mieux réussis et nous croyons voir le jeu de scène : la vieille jette autour d’elle un coup d’œil furtif, se rapproche de la jeune femme, et lui fait sa proposition sur le ton de la confidence. La Gullis d’Hérondas nous fait penser naturellement à la Macette de Régnier : ce sont les mêmes conseils, le même ton mielleux, la même morale. Le langage de Macette est aussi populaire et semé de proverbes, enfin la composition même de la satire peut se comparer à celle du mime : dans l’une et dans l’autre, nous trouvons les mêmes ménagements et les mêmes gradations. Les différences sont toutefois assez nombreuses : sans parler de la feinte dévotion de Macette, Gullis a moins de cynisme que l’héroïne de Régnier ; elle fait sans doute aussi bon marché qu’elle de l’amour et de la vertu, mais elle n’a garde de le proclamer aussi hautement. Macette ne pourra jamais réussir qu’auprès des courtisanes : Gullis saura persuader