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glacé que la neige : de mon front la sueur tombait pareille à l’humide rosée : je ne pouvais ni parler, ni même murmurer comme font les enfants qui s’adressent en songe à leur mère ». Les images abondent, frappantes et simples : le style si souvent énergique sait se faire doux et caressant. Les propos de Delphis faisant à Simaitha l’aveu de son amour doivent sembler doux comme miel à la femme passionnée[1] : « Certes, Simaitha, tu m’as devancé juste autant que j’ai moi-même, à la course, devancé naguère le beau Philinos. Quand tu m’as appelé dans ta maison, j’allais y venir… J’y serais venu, oui, par le doux Éros, avec deux ou trois amis, cette nuit même, t’apportant les fruits de Dionysos, la tête couronnée de peuplier, l’arbre cher à Héraklès, et ceint de bandelettes pourprées. » Mais la beauté des vers n’est pas seulement dans leur charme et dans leur couleur, elle est aussi dans leur harmonie, elle est dans cette musique des mots si savante et si variée qu’aucune traduction ne saurait rendre. En lisant cette Magicienne que notre Racine admirait tant, qu’il trouvait « si vive » et si « belle », on ne peut s’empêcher de rapprocher les deux poètes : la même force est dissimulée sous la même perfection.

Le mime se transforme donc avec Théocrite.

  1. Théocrite, II, vers 114-122.