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chienne qu’il faut enfermer à clef. Les deux amies sortent enfin, et là commence une nouvelle scène : les rues sont pleines de curieux ; comment traverser cette fourmilière ? Un cheval se cabre : Praxinoa prend peur et fait ranger Gorgo. C’est à désespérer d’arriver au palais ; mais les deux femmes se donnent la main, poussent de leur mieux et finissent par arriver à bon port. Praxinoa, qui est la plus vaillante, en est quitte pour un accroc à son voile. Le dernier acte se passe au palais du roi. La mise en scène est splendide, si nous en croyons les exclamations des deux femmes, qui ne peuvent se lasser d’admirer les broderies et les peintures. Théocrite se plaît à nous représenter leur étonnement naïf. C’est une étude bien faite pour tenter un artiste que cette manière dont le peuple entend l’art : son appréciation est toute naturelle et toute spontanée : ce qu’il aime avant tout, c’est l’illusion de la nature ; et s’il se trompe quelquefois, c’est parce que l’illusion lui suffit : il prend souvent pour de l’art un simple trompe-l’œil. Nous retrouverons ce sujet de mime avec Hérondas, qui lui donnera de plus larges développements ; Théocrite l’a seulement esquissé. Certes nos deux Syracusaines voudraient bien voir de près tous ces chefs-d’œuvre et donneraient volontiers libre cours à leur admiration, mais leur bavardage n’est pas du goût de leurs voisins ; un étranger leur impose