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innovation d’Épicharme consiste à donner à la comédie une intrigue véritable, à rompre avec les pièces à tiroir. Ce changement, si considérable qu’il soit, ne touche en rien le genre du mime. En admettant même que ce dernier offrît un raccourci d’action, que la scène dramatique passât par des péripéties pour aboutir à un dénoûment véritable, le conduite d’une scène isolée n’a rien de commun avec la composition d’une pièce entière. Si le mimographe s’inspira du poète de Mégare, c’est plutôt dans la peinture des caractères : il dut aussi lui emprunter ces sentences morales qui mêlaient d’une façon piquante le sérieux au bouffon et que le spectateur savait dépouiller de leur enveloppe grotesque.

Les fragments de Sophron n’ont pas assez d’étendue pour que nous puissions vérifier par nous-mêmes les jugements des anciens : il nous reste pourtant quelques titres précieux à connaître et quelques phrases qui nous donnent une idée assez exacte de sa prose rythmique. Les personnages de ses mimes semblent appartenir, pour la plupart, à la classe populaire (les Pêcheurs de thons, les Ravaudeuses) ; Sophron savait avec un merveilleux réalisme prendre sur le vif leur ton et leurs manières : il copiait avec un art infini leur désinvolture, leur langage tout semé de proverbes, leurs plaisanteries grossières (χάριτες εὐτε-