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je n’exagère pas d’une obole : si je vous trompe, je veux que Kerdon n’ait plus de sa vie ni plaisir ni profit. Par-dessus le marché il me faut dire merci[1] à Kandas : car aujourd’hui les tanneurs ont des prétentions exorbitantes ; leur travail n’est rien auprès du nôtre, et pourtant le pauvre cordonnier meurt de faim. Voilà ce qu’il gagne à trimer jour et nuit. Jusqu’au soir je reste cloué sur ma chaise[2]. . . . . . . . . . . . Et ce n’est pas tout, j’ai treize ouvriers à nourrir, car mes enfants[3] ne font rien : qu’il pleuve ou qu’il vente, c’est toujours la même chanson : « Que nous apportes-tu ? » D’ailleurs ils passent leur temps à se chauffer les fesses, sans plus bouger que des oisillons dans leur nid. Mais, comme on dit, le marché ne se paie pas de mots, mais d’argent. Si cette paire ne plaît pas, Métro, on en tirera des rayons une autre, puis une autre : vous verrez bien à la fin que Kerdon n’est pas un vantard. Pistos, apporte-moi tous les rayons. (Aux femmes) Je veux que vous rentriez chez vous bien chaussées[4]. Vous allez voir des chaussures de tout genre, de toute forme : des

  1. Il me faut dire merci. La phrase est mutilée. Le sens proposé par Blass est tout à fait satisfaisant.
  2. Sur ma chaise. Θάλπω[τὸν δίφρον] ἡμέων est une conjecture excellente : pourtant Blass lit un sigma avant ἡμέων ; les vers qui suivent sont très mutilés, d’une restitution presque impossible.
  3. Carmes enfants. Ἀργ[οῦσιν παῖδε]ς (conjecture de Crusius) nous paraît un supplément très vraisemblable.
  4. Bien chaussées. Nous lisons avec Blass δεῖ [κ]αλ[ὰ]ς γ[ε]νηθείσας, « devenues belles ».