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Qu’elle se cherche une autre amie. Cette Nossis[1], la femme de Médokès (je vais parler bien haut pour une femme : n’écoute pas, Adrastée[2] !), j’en aurais mille, je ne lui en donnerais pas un seul, fût-il en pièces.

MÉTRO.

Allons, Koritto, ne t’échauffe pas la bile pour une indiscrétion qu’on t’apprend. Une femme de bien[3] doit s’armer de patience. Aussi je suis cause de tout, avec mon bavardage. Cent fois j’ai mérité qu’on m’arrachât la langue ! Mais pour en revenir à ce que je disais, qui donc à fabriqué le baubon ? Si tu m’aimes, dis-le-moi. Quoi, tu me regardes en riant ? Vois-tu Métro pour la première fois ? pourquoi ces façons ? Je t’en supplie, Koritto, réponds-moi franchement, dis-moi le nom de l’ouvrier.

KORITTO.

Faut-il tant me supplier ? C’est Kerdon.

MÉTRO.

Quel Kerdon ? dis-moi. Il y en a deux : l’un a des yeux de chouette, c’est le voisin de Mur-

  1. Cette Nossis… Crusius fait de Νοσσίδι χρῆσθαι une phrase exclamative : « le prêter à Nossis ! » et sépare ainsi les mots suivants : τῇ μή, δοκέω… Δοκέω affaiblit la pensée et μή ne se justifie pas. Nous prenons avec Weil Μηδόκεω pour un nom propre.
  2. Adrastée. « L’Inévitable » : c’est un autre nom de Némésis.
  3. Une femme de bien… On sent l’intention ironique du poète : le mot κρηγύης fait sourire, et ce sage conseil pourrait trouver une application plus honnête.