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de moi ce qu’il te plaît, mais ne bois pas mon sang jour et nuit.

BITINNA.

Tu as la langue bien affilée, l’ami. Kudilla, où est Pyrrhias, appelle-le-moi.

PYRRHIAS.

Qu’y a-t-il ?

BITINNA.

Attache-moi cet esclave. Qu’attends-tu là, sans bouger ? Détache la corde du puits, et plus vite que cela ! (À Gastron) Si je ne t’inflige pas une correction qui te fasse servir d’exemple à la ronde, va, tu pourras dire que je ne suis pas une femme. On dit bien vrai : « Plus on bat le Phrygien[1]… ». Mais c’est moi qui suis cause de tout cela, Gastron, moi, qui t’ai fait quelqu’un. Mais si j’ai commis cette sottise, tu ne trouveras plus Bitinna aussi folle que tu le penses. (À l’esclave) Eh bien ! apporteras-tu la corde ? Enlève-lui sa tunique et attache-le.

GASTRON.

Non, non, je t’en conjure, Bitinna, j’embrasse tes genoux !

  1. Plus on bat le Phrygien. Ce proverbe que nous avons rencontré plus haut (fin du Leno) est cité ici sous une forme abrégée : il arrive souvent que l’on ne cite que les premiers mots d’un proverbe (faute de grives… — tant va la cruche à l’eau… —). La forme complète de ce dicton est, d’après Suidas : Φρὺξ ἀνὴρ πληγεὶς ἀμείνων καὶ διακονέστερος.