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arrière, pillèrent le temple de Vénus Uranie. Ce temple, autant que je l’ai pu savoir par mes informations, est le plus ancien de tous les temples de cette déesse. Celui de Cypre a été bâti sur son modèle, de l’aveu même des Cypriens. Celui de Cythère a été aussi bâti par des Phéniciens originaire de cette Syrie[1]. La déesse envoya une maladie de femme à ceux d’entre les Scythes qui avaient pillé le temple d’Ascalon, et ce châtiment s’étendit à jamais sur leur postérité. Les Scythes disent que cette maladie est une punition de ce sacrilège, et que les étrangers qui voyagent dans leur pays s’aperçoivent de l’état de ceux que les Scythes appellent Énarées.

CVI. Les Scythes conservèrent vingt-huit ans l’empire de l’Asie. Ils ruinèrent tout par leur violence et leur négligence. Outre les tributs ordinaires, ils exigeaient encore de chaque particulier un impôt arbitraire ; et, indépendamment de ces contributions, ils parcouraient tout le pays, pillant et enlevant à chacun ce qui lui appartenait. Cyaxare et les Mèdes, en ayant invité chez eux la plus grande partie, les massacrèrent après les avoir enivrés. Les Mèdes recouvrèrent par ce moyen et leurs États et l’empire sur les pays qu’ils avaient auparavant possédés. Ils prirent ensuite la ville de Ninive. Quant à la manière dont ils s’en rendirent maîtres, j’en parlerai dans un autre ouvrage. Enfin, ils subjuguèrent les Assyriens, excepté le pays de Babylone. Après ces événements, Cyaxare mourut. Il avait régné quarante ans, y compris le temps que dura la domination des Scythes.

CVII. Astyage, son fils, lui succéda. Il naquit à ce prince une fille qu’il nomma Mandane. Il s’imagina en dormant qu’elle urinait en si grande abondance, que sa capitale et l’Asie entière en étaient inondées. Ayant communiqué ce songe à ceux d’entre les mages qui faisaient profession de les interpréter, il fut effrayé des détails de leur explication ; et à tel point que, lorsque sa fille fut nubile, il ne voulut pas lui donner pour époux un Mède digne de lui par sa naissance ; mais il lui fit épouser un Perse, nommé Cambyse, qu’il connaissait pour un homme d’une grande maison et de mœurs douces et tranquilles, parce qu’il le regardait comme bien inférieur à un Mède de médiocre condition.

  1. De la Syrie de Palestine