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il fut battu, et son pays fut conquis. C’était une occasion pour faire connaître les Lydiens. Hérodote la laissa d’autant moins échapper, qu’il était bon de donner au moins un aperçu de ces princes qui avaient soumis la plupart des Grecs établis en Asie. Cependant, comme il ne perdait jamais de vue le plan de son Histoire, il ne dit que deux mots de l’origine du royaume de Lydie, de ses progrès et de sa destruction. Cyrus, après cette conquête, laisse à ses généraux le soin de soumettre les Grecs asiatiques ; il marche en personne contre les Babyloniens et les peuples de leur dépendance, et les subjugue. Hérodote ne s’arrête quelques instants que sur les objets les plus importants et les plus intéressants. Aussi ne parle-t-il ni des Bactriens, ni des Saces, que Cyrus avait subjugués. S’il s’étend davantage sur les Massagètes, c’est que la guerre que leur fit Cyrus lui fut très-funeste, et qu’il périt dans un combat qu’il leur livra.

Cambyse, son fils, lui succéda. Fier de sa puissance, il marcha en Égypte. Ce pays était alors le plus célèbre qu’il y eût dans le monde ; et les Grecs commençaient à y voyager, plus cependant pour leur intérêts de leur commerce que par curiosité et par le désir de s’instruire, quoique ces deux derniers motifs y eussent beaucoup de part. Il était donc de la dernière importance de leur donner une connaissance de ce pays singulier, de ses productions, des mœurs et de la religion de ses habitants, avec un récit succinct de ses rois. Hérodote y a employé son second livre. L’Égypte soumise, Cambyse marcha contre le faux Smerdis, qui s’était révolté contre lui ; il périt par un accident. Peu de temps après sa mort, on découvrit la fourberie du mage Smerdis : il fut massacré, et l’on élut pour roi Darius. Ce prince remis sous le joug les Babyloniens qui s’étaient révoltés, et, comme il était très-ambitieux, il voulut asservir les Scythes. Ces peuples n’étaient alors connus que par leurs voisins et par les Grecs établis dans les villes limitrophes de la Scythie. Les Scythes étaient alors pour les Grecs un objet de curiosité d’autant plus piquant, qu’il y avait déjà en Thrace et sur les bords du Pont-Euxin, tant en Europe qu’en Asie, des colonies grecques. Si notre historien ne s’est pas étendu sur ces peuples avec la même complaisance que sur les Égyptiens, du moins l’a-t-il fait avec assez d’étendue pour donner aux Grecs une idée de la forme de leur gouvernement et de leurs mœurs, avec une description succincte de leur pays. Cette description est si exacte, qu’elle se trouve confirmée dans la plupart de ses points par la relation de ceux d’entre les modernes qui ont voyagé dans la Bulgarie, la Moldavie, la Bessarabie, le Czernigow, l’Ukraine, la Crimée, et chez les Cosaques du Don. Darius fut obligé de repasser honteusement dans ses États. Les Ioniens, qui ne savaient ni être libres ni être esclaves, se révoltèrent. Ils s’étaient assurés des secours des Athéniens, qui cependant ne leur en donnèrent que de médiocres. Avec ces se-