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qui on remarquait déjà des étincelles de ce beau génie qui fut l’un des plus brillants ornements du siècle de Périclès, ne put s’empêcher de répandre des larmes à la lecture de cette Histoire. Hérodote, qui s’en aperçut, dit au père du jeune homme : Olorus, votre fils brûle du désir des connaissances.

Je m’arrête un moment pour prouver que ce fut en la LXXXI° olympiade qu’Hérodote lut une partie de son Histoire à la Grèce assemblée. Il est certain qu’Hérodote, ayant abandonné Halicarnasse et voulant se faire un nom, se rendit à Olympie, et qu’il y lut une partie de son Histoire, qui fut tellement goûtée, qu’on donna aux neuf livres qui la composaient le nom des Muses. Lucien le dit de la manière la plus claire et la plus formelle. D’un autre côté, Marcellinus nous apprend que Thucydide versa des larmes en entendant cette lecture, et qu’Hérodote, témoin de la sensibilité de ce jeune homme, adressa à son père le mot que je viens de rapporter. Thucydide est né la première année de la LXXVII° olympiade, au printemps, et par conséquent l’an 4243 de la période julienne, 471 ans avant notre ère. Il avait donc quinze ans et quelques mois lorsqu’il assista à cette lecture. Il pouvait déjà être sensible aux agréments du style ; mais cette sensibilité n’en était pas moins surprenante dans un âge si tendre, et faisait concevoir de grandes espérances. Si l’on suppose que cet événement appartient à l’olympiade précédente, il devient plus merveilleux, pour ne pas dire incroyable. Si l’on recule, au contraire, jusqu’à la LXXXII° olympiade, Thucydide ayant alors dix-neuf ans et quelques mois, sa sensibilité n’aurait rien eu de surprenant, et ne se serait pas fait remarquer. Il faut donc regarder comme constant, avec Dodwell, que cet historien avait alors quinze ans. Le P. Corsini, clerc régulier des écoles pies, est aussi de cet avis dans ses Fastes Attiques, et cite, pour le prouver, Lucien dans le traité sur la manière d’écrire l’histoire, quoiqu’il n’en soit pas question dans cet ouvrage. Ce savant n’avait pas cependant sur ce fait des idées bien arrêtées, puisque, page 213 du même ouvrage, il recule cette lecture jusqu’à la première année de la LXXXIVe olympiade, c’est-à-dire de douze ans, ce qui me fait croire qu’il confond en cette occasion la lecture aux jeux Olympiques avec celle que fit le même historien aux Panathénées, quoique cette fête précède la quatre-vingt-quatrième olympiade de plus de quinze jours.

Revenons à notre sujet. Encouragé par les applaudissements qu’il avait reçus, Hérodote employa les douze années suivantes à continuer son Histoire et à la perfectionner. Ce fut alors qu’il voyagea dans toutes les parties de la Grèce, qu’il n’avait fait jusqu’à ce moment que parcourir, qu’il examina avec la plus scrupuleuse attention les archives de ses différents peuples, et qu’il s’assura des principaux traits de leur histoire, ainsi que des généalogies des plus illustres maisons de la Grèce, non-seulement en parcourant leurs archives, mais en lisant leurs inscriptions. Car dans ces anciens