Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 2, 1850.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
POLYMNIE, LIVRE VII.

cendres. Ses habitants, vous le savez, ont commencé les premières hostilités contre mon père et contre moi. Premièrement, ils sont venus à Sardes avec Aristagoras de Milet, notre esclave, et ils ont mis le feu aux temples et aux bois sacrés. Que ne vous ont-ils pas fait ensuite à vous-mêmes, quand vous êtes allés dans leur pays sous la conduite de Datis et d’Artapherne ? Personne d’entre vous ne l’ignore. Voilà ce qui m’anime à marcher contre les Athéniens. Mais, en y réfléchissant, je trouve un grand avantage à cette expédition. Si nous venons à les subjuguer eux et leurs voisins, les habitants du pays de Pélops[1] le Phrygien, la Perse n’aura plus d’autres bornes que le ciel, le soleil n’éclairera point de pays qui ne nous touche ; je parcourrai toute l’Europe, et avec votre secours je ne ferai de la terre entière qu’un seul empire. Car on m’assure que, les Grecs une fois réduits, il n’y aura plus de ville ni de nation qui puissent nous résister. Ainsi, coupables ou non, tous subiront également notre joug. En vous conduisant ainsi, vous m’obligerez sensiblement. Que chacun de vous se hâte de venir au rendez-vous que j’indiquerai. Celui qui s’y trouvera avec les plus belles troupes, je lui ferai présent des choses que l’on estime le plus dans ma maison. Telle est ma résolution. Mais, afin qu’il ne paraisse pas que je veuille régler tout par mon seul sentiment, je vous permets de délibérer sur cette affaire, et j’ordonne à chacun de vous de m’en dire son avis. »

IX. Xerxès ayant cessé de parler, Mardonius prit la parole : « Seigneur, vous êtes non-seulement le plus grand des Perses qui aient paru jusqu’ici, mais encore de tous ceux qui naîtront dans la suite. J’en atteste les choses si vraies et excellentes que vous venez de dire, et cette grandeur d’âme qui ne souffrira point que les Ioniens (les Athéniens) d’Europe, ce peuple vil et méprisable, nous insultent impunément. Si, dans la seule vue d’étendre

  1. Hérodote s’est servi à dessein de cette tournure, afin de faire sentir que Pélops étant Phrygien, et par conséquent esclave des Perses (voyez ci-dessous, § xi), le pays où domina ensuite ce Phrygien devait lui appartir, à lui qui était son maître.