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POLYMNIE, LIVRE VII.

Grèce. Il réussit avec le temps à engager Xerxès dans cette expédition ; car il survint d’autres événements qui contribuèrent à persuader ce prince. D’un côté, il vint de Thessalie des ambassadeurs qui invitèrent Xerxès de la part des Aleuades à marcher contre la Grèce, et qui s’employèrent avec tout le zèle possible pour l’y déterminer. Les Aleuades étaient rois de Thessalie. D’un autre côté, ceux d’entre les Pisistratides qui s’étaient rendus à Suses tenaient le même langage que les Aleuades ; et même ils y ajoutaient encore d’autres raisons, parce qu’ils avaient avec eux Onomacrite d’Athènes, devin célèbre, qui faisait commerce des oracles de Musée. Ils s’étaient réconciliés avec lui avant que d’aller à Suses. Car il avait été chassé d’Athènes par Hipparque, fils de Pisistrate, parce que Lasus[1] d’Hermione l’avait pris sur le fait, comme il insérait parmi les vers de Musée un oracle qui prédisait que les îles voisines de Lemnos disparaîtraient de la mer. Hipparque l’avait, dis-je, chassé par cette raison, quoique auparavant il eût été lié avec lui de la plus étroite amitié. Mais étant allé en ce temps-là à Suses avec les Pisistratides, comme ceux-ci en parlaient au roi d’une manière honorable, toutes les fois qu’il se présentait devant ce prince, il lui récitait des oracles. S’il y en avait qui annonçassent un malheur au barbare, il les passait sous silence ; mais, faisant choix de ceux qui prédisaient d’heureux événements, il lui disait, en parlant du passage de son armée en Grèce, qu’il était écrit dans les destinées qu’un Perse joindrait les deux bords de l’Hellespont par un pont.

VII. Ce fut ainsi qu’Onomacrite, par ses oracles, et les Pisistratides et les Aleuades par leurs conseils persuasifs, portèrent Xerxès à faire la guerre aux Grecs. Cette résolution prise, ce prince commença par les Égyptiens, qui s’étaient révoltés. Il les attaqua la seconde année après la

  1. Lasus était un musicien, poëte, et même un des sept sages de la Grèce, selon quelques-uns. On dit qu’il était fils de Charmantides, ou de Sysymbrinus, ou même de Charinus, selon Aristoxène. Il naquit à Hermione, ville de l’Argolide. Il fleurissait dans la soixante-huitième olympiade, et était contemporain de Darius, fils d’Histaspes. Il institua les chœurs cycliques, et inventa le dithyrambe. (L.)

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