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ÉRATO, LIVRE VI.

étrangers, et Onomastus Éléen, fils d’Agæus. Ces quatre vinrent du Péloponnèse même. Il s’y rendit d’Athènes Mégaclès, fils de cet Alcméon qui avait été à la cour de Crésus[1] ; Hippoclide, fils de Tisandre, l’homme le plus riche et le mieux fait qu’il y eût à Athènes ; et Lysanias d’Érétrie, ville alors florissante. Ce fut le seul de toute l’Eubée. Il y vint de Thessalie Diactorides Cranonien, de la maison des Scopades, et Alcon, du pays des Molosses. Tel est le nombre de ceux qui recherchèrent Agariste.

CXXVIII. Lorsqu’ils furent arrivés au jour marqué, Clisthène s’informa d’abord de leur pays et de leur naissance ; puis il les retint un an près de lui, afin d’éprouver pendant ce temps-là leur mérite, leurs inclinations, leurs mœurs et leurs connaissances, dans les entretiens qu’il avait avec eux en particulier, ou dans les conversations générales, dans les exercices où il engageait les plus jeunes d’entre eux, et surtout dans les festins où il les invitait. Il agit de cette manière tant qu’ils furent chez lui, et les traita toujours avec magnificence. Mais, de tous ces amants, ceux qui étaient venus d’Athènes étaient le plus de son goût ; et surtout Hippoclide, fils de Tisandre, qu’il distinguait tant à cause de son mérite particulier, que parce que ses ancêtres étaient parents des Cypsélides de Corinthe.

CXXIX. Le jour fixé par Clisthène pour déclarer celui qu’il choisissait pour gendre, et pour célébrer le mariage, étant venu, ce prince immola cent bœufs, et régala non-seulement les amants de sa fille, mais encore tous les Sicyoniens. Le repas fini, les aspirants s’entretinrent de musique à l’envi l’un de l’autre, et de tout ce qui fait le sujet ordinaire des conversations. Pendant qu’on était occupé à boire[2], Hippoclide, qui attirait l’attention de toute la compagnie, dit au joueur de flûte de lui jouer

  1. Il descendait d’Ajax, qui se distingua à la guerre de Troie, et fut bisaïeul de Miltiade, fondateur de la Chersonèse.
  2. En Grèce, on ne buvait point pendant le repas, mais après qu’on avait cessé de manger. On en voit un exemple dans la retraite des dix milles. Lorsqu’on apporta à boire à Aristus à la table de Seuthès, il répondit qu’il n’avait point encore achevé de diner, et qu’on pouvait s’adresser à Xénophon, qui ne mangeait plus. (L.)