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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

n’est donc point contre la vraisemblance que cette île, qui avait été jusqu’à ce temps-là immobile, ait alors tremblé. L’oracle avait annoncé cet événement. « J’ébranlerai aussi, avait-il dit, l’île de Délos, quelque immobile qu’elle soit. » Darius signifie en grec celui qui réprime, Xerxès un guerrier, et Artaxerxès un grand guerrier. On ne se tromperait point, en appelant ainsi ces princes en notre langue.

XCIX. Les barbares, étant partis de Délos, levèrent des troupes dans les îles où ils abordèrent, et y prirent pour otages les enfants des insulaires. Après avoir navigué autour de ces îles, ils abordèrent à Caryste (ville d’Eubée), dont les habitants ne voulaient ni leur donner d’otages, ni marcher contre les Érétriens et les Athéniens leurs voisins. On les assiégea, et on ne cessa pas de ravager leur territoire qu’ils ne se fussent rendus aux Perses.

C. Les Érétriens, ayant eu avis que la flotte des Perses s’avançait contre eux, prièrent les Athéniens de leur donner du secours. Ceux-ci, bien loin de leur en refuser, leur envoyèrent les quatre mille hommes à qui l’on avait distribué au sort les terres de ceux qu’on appelait Hippobotes, chez les Chalcidiens. Mais les Érétriens n’étaient pas sincères ; ils faisaient venir les Athéniens, et n’étaient pas d’accord. Les uns étaient d’avis d’abandonner la ville pour se retirer parmi les écueils de l’Eubée ; les autres, ne considérant que leur avantage particulier et les récompenses qu’ils attendaient des Perses, se préparaient à trahir leur patrie[1]. Eschine, fils de Nothon, homme de distinction parmi les Érétriens, fit part aux Athéniens, à leur arrivée, de l’état où se trouvaient les affaires, et les pria de se retirer chez eux, afin de n’être pas enveloppés dans une commune ruine avec ceux d’Érétrie. Les Athéniens suivirent le conseil d’Eschine, et se mirent à couvert du danger en passant à Orope.

  1. Gongyle, le seul Érétrien qui eût pris les intérêts des Perses, à ce que dit Xénophon, eut pour sa récompense les villes de Gambrium, de Palægambrium, de Myrine et de Grynia. Gorgion et Gongyle, ses descendants, en étaient encore en possession en la quatre-vingt-quinzième olympiade, c’est-à-dire 90 ans après, lorsque Thymbron, général Lacédémonien, passa dans l’Asie Mineure pour faire la guerre aux Perses. (L.)