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ÉRATO, LIVRE VI.

Glaucus alla à Delphes consulter l’oracle, et demanda au dieu s’il lui était permis de s’emparer de cet argent par un serment. La Pythie lui fit cette réponse : Glaucus, fils d’Épicydes, la victoire que tu remporteras par un serment, et les richesses qui en seront le prix, auront sur-le-champ pour toi quelque chose d’agréable. Jure, puisque la mort n’épargne pas celui même qui est fidèle à ses engagements ; mais songe que du serment naît un fils sans nom, sans mains et sans pieds, qui d’un vol rapide fond sur celui qui se parjure, et ne le quitte point qu’il ne l’ait détruit, lui, sa maison et sa race entière ; au lieu qu’on voit prospérer les descendants de celui qui a religieusement observé sa parole.

» Glaucus, touché de cette réponse, pria le dieu de lui pardonner ce qu’il avait dit. Tenter les dieux, répondit la Pythie, ou commettre l’injustice, c’est la même chose. Alors Glaucus envoya chercher les Milésiens, et leur rendit le dépôt.

» Voici maintenant, Athéniens, le but que je me suis proposé en vous racontant cette histoire. Il ne subsiste plus actuellement à Sparte ni descendant de Glaucus, ni aucune maison qu’on croie lui avoir appartenu. Cette race est éteinte jusque dans ses derniers rejetons, et ses maisons ont été détruites jusque dans les fondements ; tant il est avantageux de n’envisager un dépôt que comme un effet qu’il faut rendre à celui qui l’a confié. »

Ainsi parla Léotychides ; mais ne remarquant dans les Athéniens, même après son histoire, aucune disposition à lui accorder sa demande, il se retira.

LXXXVII. Voici comment en agirent les Éginètes, avant qu’ils eussent reçu la punition des premières insultes qu’ils avaient faites aux Athéniens, dans la vue d’obliger les Thébains. Irrités contre les Athéniens, dont ils croyaient avoir sujet de se plaindre, ils se disposèrent à s’en venger. S’étant mis en embuscade, il enlevèrent le Théoris, vaisseau athénien à cinq rangs de rames, qui était au promontoire Sunium, et mirent aux fers les citoyens les plus distingués d’Athènes qui montaient ce vaisseau. Les Athé-