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ÉRATO, LIVRE VI.

saisir de sa personne ; mais, les Zacynthiens n’ayant pas voulu le leur livrer, il se retira en Asie auprès du roi Darius. Ce prince le reçut magnifiquement, et lui donna des terres et des villes. Ce fut ainsi que Démarate se retira en Asie, après avoir éprouvé un tel sort. Il s’était souvent distingué parmi ses concitoyens par ses actions et par sa prudence, et surtout par le prix de la course du char à quatre chevaux, qu’il remporta aux jeux olympiques, honneur qu’il ne partagea avec aucun autre roi de Sparte.

LXXI. Démarate ayant été déposé, Léotychides, fils de Ménarès, lui succéda. Zeuxidamus, que quelques Spartiates appelaient Cyniscus (petit chien), était son fils. Il ne régna point à Sparte, et mourut avant son père, laissant un fils nommé Archidamus. Cette perte engagea Léotychides à se remarier : il épousa Eurydamé, sœur de Ménius, et fille de Diactorides. Il n’en eut point d’enfants mâles, mais une fille nommée Lampito, qu’épousa de son consentement Archidamus, fils de Zeuxidamus.

LXXII. Léotychides ne passa pas non plus sa vieillesse à Sparte, et Démarate fut en quelque sorte vengé, comme je vais le dire. Il commandait en Thessalie l’armée de Lacédémone, et il lui était aisé de se rendre maître de tout le pays ; mais il accepta une grande somme d’argent, et fut pris sur le fait dans le camp même, assis sur un sac d’argent. Ayant été déféré en justice, il fut banni de Sparte, et sa maison rasée. Il se retira à Tégée, où il mourut ; mais ces choses n’arrivèrent que longtemps après.

LXXIII. Cléomène[1], ayant réussi dans son entreprise contre Démarate, prit aussitôt avec lui Léotychides, et alla attaquer les Éginètes, contre lesquels il était violemment irrité, à cause de l’insulte qu’ils lui avaient faite. Les Éginètes, voyant les deux rois venir contre eux, ne crurent pas devoir faire une plus longue résistance. On en choisit dix des plus distingués par leur naissance et par leurs richesses, et entre autres Crios, fils de Polycrite, et Casambus, fils d’Aristocrates, qui avaient le plus d’autorité dans l’île ; et on les mena dans l’Attique, où ils furent

  1. Hérodote reprend ici la narration interrompue § lii.