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VIE D’HOMÈRE.

Mais si, sans pudeur, vous cherchez me tromper, j’invoque sur votre fourneau toutes les pestes : Syntrips, Smaragos, Asbetos, Abactos et Omodamos, qui portent à cet art les coups les plus funestes. Que le fourneau, que la maison soient la proie des flammes, et que, dans le trouble occasionné par l’incendie, on n’entende que les gémissements et les cris plaintifs des potiers. Tel le frémissement du cheval, tel soit celui du fourneau lorsque les vases volent en éclats. Fille du Soleil, Circé, célèbre par vos enchantements, répandez vos poisons sur les potiers et sur leurs ouvrages. Et vous aussi, Chiron, amenez avec vous grand nombre de centaures, et ceux qui ont échappé aux coups d’Hercule, et ceux qui ont péri en combattant contre lui ; puissent-ils briser tous ces ouvrages ! Puisse le fourneau tomber sous vos coups, et les potiers, en se lamentant, être témoins de cet affreux spectacle ! Je me réjouirai cependant de leur triste malheur. Quiconque se baissera pour considérer de plus près cet incendie, qu’il ait le visage saisi par la flamme : afin que tout le monde apprenne à ne point commettre d’injustices. »

XXXIII. Il passa l’hiver à Samos. Dans les néoménies, ou nouvelles lunes, il se rendait aux maisons des riches, où il chantait ces vers qu’on appelle Éirésioné[1], et dont il tirait quelque récompense. Dans ces visites, il était toujours accompagné des enfants des plus illustres habitants du pays.

« Nous avons dirigé nos pas vers la demeure d’un homme puissamment riche, dont la maison regorge de biens. Portes, déployez vos battants ! Plutus se présente, accompagné de l’aimable gaité et de la douce paix. Que les vases ne désemplissent pas, que le feu soit toujours allumé dans le foyer et la table toujours chargée de pain ! Que la femme du fils de la maison vienne vous trouver portée sur un char attelé de mules ! que cette femme,

  1. L’Éirésioné était une branche d’olivier, et quelquefois, quoique assez rarement, de laurier, revêtue de bandelettes de laine, dont elle était entrelacée. On attachait à ces bandelettes des figues, des pains, du miel, de l’huile et du vin.(L.)

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