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VIE D’HOMÈRE.

avait attiré, en fut longtemps émerveillé. L’ayant donc abordé, il lui demande comment il a pu venir dans ces lieux inhabités, où l’on ne trouve aucun sentier, et de quel guide il s’est servi. Homère lui raconta ses malheurs. Glaucus avait le cœur sensible, il en fut touché. Il le mène dans sa cabane, allume du feu, prépare son repas, et lorsqu’il l’eut servi il l’invita à manger.

XXII. Les chiens, au lieu de manger, ne discontinuant pas, selon leur usage, d’aboyer après Homère, celui-ci adressa ces vers à Glaucus :

« Glaucus, pasteur de ce troupeau, mettez-vous dans l’esprit ce que je vais vous dire. Donnez à manger à vos chiens devant la porte du vestibule. Ce conseil vous sera avantageux. Ils entendront plus facilement l’approche d’un homme, ou celle d’une bête qui dirigera sa marche vers le parc où est renfermé votre troupeau. »

Glaucus goûta ce conseil, le loua, et n’en eut que plus de vénération pour celui qui l’avait donné. Lorsqu’ils eurent pris leur repas, la conversation s’anima de part et d’autre. Homère lui raconta les aventures qu’il avait eues dans ses voyages et dans les villes qu’il avait parcourues. Glaucus était ravi d’admiration ; mais comme il était l’heure de se coucher, il prit son repos.

XXIII. Le lendemain Glaucus fut d’avis d’aller rendre compte à son maître de l’heureuse rencontre qu’il avait faite. Ayant confié son troupeau à son compagnon d’esclavage, et laissé Homère dans sa cabane, il l’assura en le quittant qu’il ne tarderait pas à revenir. Étant arrivé à Bolissus, petite bourgade peu éloignée de la ferme, il raconta à son maître tout ce qu’il savait d’Homère, lui parla de son arrivée comme d’une chose étonnante, et lui demanda ses ordres à ce sujet. Le maître ne goûta pas beaucoup ce discours, et même il blâma Glaucus et le traita d’insensé, parce qu’il donnait l’hospitalité et admettait à sa table des aveugles. Cependant il lui ordonna de le lui amener.

XXIV. Glaucus, de retour, raconta à Homère l’entretien qu’il venait d’avoir avec son maître, et le pria de le suivre, l’assurant que sa fortune et son bonheur en dépendaient.