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VIE D’HOMÈRE.

VII. Après avoir voyagé en Tyrrhénie et en Ibérie, ils arrivèrent dans l’île d’Ithaque. Mélésigènes, qui avait déjà eu mal aux yeux, s’en sentit alors beaucoup plus incommodé. Mentès, pressé d’aller à Leucade, sa patrie, le laissa dans l’île d’Ithaque afin qu’il s’occupât de sa guérison, et le remit à un de ses intimes amis, à Mentor, fils d’Alcimus d’Ithaque, en le priant d’en prendre tout le soin possible. Il promit aussi à Mélésigènes de le reprendre à son retour. Mentor lui donna avec beaucoup de zèle tous tes secours imaginables. Il avait de la fortune, et jouissait éminemment de la réputation d’un homme juste et ami de l’hospitalité. Ce fut dans cette ville que, sur les questions que fit Mélésigènes, il s’instruisit parfaitement de tout ce qui regardait Ulysse. Les habitants d’Ithaque prétendent qu’il devint aveugle dans leur pays. Quant à moi, je pense qu’il y guérit de son mal d’yeux, et que ce ne fut que dans la suite qu’il perdi la vue à Colophon. Les Colophoniens sont aussi de ce sentiment.

VIII. Mentès, s’étant rembarqué à Leucade, revint à Ithaque. Trouvant, à son retour, Mélésigènes guéri, il le prit sur son bord, fit avec lui beaucoup de voyages de côté et d’autre, et arriva enfin à Colophon. Ce fut dans cette ville que Mélésigènes fut de nouveau attaqué de son mal d’yeux ; son mal empira, et il perdit la vue. Ce malheur le détermina à quitter Coloploon et à retourner à Smyrne, où il s’appliqua à la poésie.

IX. Quelque temps après, le mauvais état de ses affaires le disposa à aller à Cyme. S’étant mis en route, il traversa la plaine de l’Hermus, et arriva à Néon-Tichos, colonie de Cyme. Elle fut fondée huit ans après Cyme. On raconte qu’étant en cette ville, chez un armurier, il y récita ces vers, les premiers qu’il ait faits : « Ô vous, citoyens de l’aimable fille de Cyme, qui habitez au pied du mont Sardène, dont le sommet est ombragé de bois qui répandent la fraîcheur, et qui vous abreuvez de l’eau du divin Hermus, qu’enfanta Jupiter, respectez la misère d’un étranger qui n’a pas une maison où il puisse trouver un asile ! »

L’Hermus coule près de Néon-Tichos, et le mont Sar-

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