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CALLIOPE, LIVRE IX.

c’était aussi l’intention du général athénien. On le mit en croix sur le rivage où Xerxès avait fait construire le pont ; d’autres disent que ce fut sur la colline au-dessus de la ville de Madytos. Son fils fut lapidé sous ses yeux.

CXX. Les Athéniens retournèrent, après cette expédition en Grèce avec un riche butin, et consacrèrent dans les temples les agrès des vaisseaux qui avaient servi aux ponts. Il ne se passa rien de plus cette année.

CXXI. Cet Artayctès qu’on mit en croix était petit-fils d’Artembarès, qui tint aux Perses un discours qu’ils rendirent à Cyrus, et que voici : « Puisque Jupiter a donné l’empire aux Perses, et qu’après avoir renversé Astyages de dessus le trône, il vous y a élevé par préférence à tout autre, quittons notre pays petit et montueux, et occupons-en un meilleur. Il y en a plusieurs dans notre voisinage ; il y en a de plus éloignés. Choisissons-en un pour nous y établir, et la plupart des peuples nous trouveront plus dignes de leur admiration. Cela convient à une nation qui a en main la puissance souveraine. Or, quand se présentera-t-il une plus belle occasion que celle où nous dominons sur un grand nombre de peuples et sur l’Asie entière ? » Cyrus ne goûta point ce discours. Il consentit cependant à leur demande ; mais en même temps il avertit les Perses de se préparer à devenir les esclaves des peuples auxquels ils commandaient ; car, ajouta-t-il, les pays les plus délicieux ne produisent ordinairement que des hommes mous et efféminés, et la même terre qui porte les plus beaux fruits n’engendre point des hommes belliqueux. Les Perses, convaincus que le sentiment de Cyrus était le meilleur, s’en allèrent en condamnant le leur, et préférèrent un pays incommode avec l’empire à un excellent avec l’esclavage.


FIN DU NEUVIÈME ET DERNIER LIVRE.

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