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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

mission des dieux, parce que les deux batailles se donnèrent près d’un temple de Cérès Éleusinienne : car on avait combattu dans le territoire de Platées, auprès du temple même de Cérès, comme je l’ai dit plus haut ; et il devait en être de même de la bataille de Mycale. Le bruit de la victoire remportée par les Grecs sous les ordres de Pausanias se répandit fort à propos dans l’armée ; car le combat de Platées se donna le matin, et celui de Mycale l’après-midi. Peu de temps après, on sut avec certitude que les deux actions s’étaient passées le même jour et le même mois. Avant que la nouvelle de la victoire de Platées se fût répandue, les Grecs qui étaient à Mycale, moins inquiets pour eux-mêmes que pour la Grèce, craignaient qu’elle n’échouât contre Mardonius. Mais, dès que cette nouvelle fut venue à leur connaissance, ils marchèrent au combat avec encore plus d’ardeur. Les Barbares n’en témoignèrent pas moins, les uns et les autres regardant les îles et l’Hellespont comme un prix destiné au vainqueur.

CI. Les Athéniens, qui faisaient, avec ceux dont ils étaient accompagnés[1], environ la moitié de l’armée, prirent le long du rivage et par un terrain uni, et les Lacédémoniens, par les ravins et par les montagnes, avec les troupes qui les suivaient. Mais pendant que ceux-ci les tournaient, les Barbares étaient déjà aux mains avec l’autre aile de l’armée grecque. Tant que subsista le rempart de boucliers, les Perses se défendirent, et ne montrèrent pas moins de courage que les Grecs ; mais lorsque les Athéniens, avec les troupes de leur suite, s’exhortant mutuellement à ne point laisser aux Lacédémoniens la gloire de cette journée, eurent redoublé d’efforts, le combat changea de face. Le rempart de boucliers renversé, ils se précipitèrent en foule sur les Perses ; ceux-ci soutinrent le choc et se défendirent longtemps ; mais enfin ils s’enfuirent dans leurs retranchements. Les Athéniens, les Corinthiens, les Sicyoniens et les Trézéniens, qui composaient cette aile, les suivirent et entrèrent en foule avec eux. La muraille emportée, les Barbares ne pensèrent plus à se défen-

  1. Les Corinthiens, les Sicyoniens et les Trézéniens.